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vendredi 6 avril 2012

Vendredi Saint : 06 avril 2012

Jésus, l'Agneau de Dieu.







Le repas est fini, les Apôtres sont fatigués, le traître a vendu son ami, Pierre a renié, tous (ou presque) se sont enfuis. Les adversaires complotent, manipulent et obtiennent ce qu’ils voulaient : la mort de l’empêcheur de croire en rond. Pilate n’est guère mieux malgré sa rencontre avec Jésus et sa conviction que celui-là est innocent. Il est d’abord politicien, et un politicien se doit de plaire au plus grand nombre. Ils veulent la peau de cet homme ; qu’à cela ne tienne, ils l’auront ! Si cela peut leur faire plaisir et lui assurer un peu de tranquillité…



Et Jésus dans tout cela ? Jésus se laisse mener, promener d’un endroit à un autre ; il ne dit presque rien et, devant Pilate, décide même de se taire. Il semble déjà ailleurs. Puisqu’il devient évident qu’il n’échappera ni à ses adversaires, ni à la mort, il fait silence ; il ne répond plus rien. Comme l’écrivait le prophète de la Première Alliance : Maltraité, il s'humilie, il n'ouvre pas la bouche : comme un agneau conduit à l'abattoir, comme une brebis muette devant les tondeurs, il n'ouvre pas la bouche. Jésus est l’Agneau que Dieu recevra en sacrifice d’expiation. Il faut bien que quelqu’un paie tout ce désordre.



Mais que va-t-il expier ? Il n’a rien de fait de mal. Pilate lui-même le reconnaît : Je ne trouve en lui aucun motif de condamnation ! Il va expier pour nous, pour notre péché, nos lâchetés, nos trahisons. Il va prendre sur lui tout ce que l’humanité a de plus sombre. Il va emporter dans la mort tout ce qui défigure le visage de l’homme, tout ce qui étouffe en nous l’image et la ressemblance de Dieu. C’est la bonne vieille recette du bouc émissaire. Comme le disait Caïphe : il vaut mieux qu’un seul meurt. Si la Mort savait qu’elle aussi va mourir en croix, avec lui, elle y réfléchirait sans doute à deux fois. Mais voilà, la mort est aveugle ! Pas grave, c’est bon pour l’humanité, même si elle ne le sait pas au moment où Jésus meurt.

Jésus ne se défend pas ; non pas qu’il n’ait pas d’argument à opposer, mais parce qu’il est entré dans un projet qui le dépasse. Son but n’est pas de rester en vie, mais que nous soyons vivants. Son but n’est pas de se défendre, mais de nous défendre. Son but n’est pas de se justifier, mais de nous justifier, de nous rendre justes aux yeux de Dieu. Son but n’est pas de faire ce qu’il veut, mais de faire ce que Dieu veut. Et ce que Dieu veut, c’est notre salut. Comme jadis, en Egypte, on avait immolé un agneau et répandu son sang sur le linteau des portes pour que l’ange du Seigneur reconnaisse les lieux où habitait son peuple, et les préserve de la dernière plaie (la mort des premiers-nés), de même Jésus est-il aujourd’hui l’Agneau dont le sang est répandu pour que notre vie soit préservée et même augmentée. En effet, grâce au sacrifice de Jésus, nous pouvons prétendre à la vie éternelle.



La mort de Jésus prend dès lors une double signification. Elle signifie d’abord qu’il y a quelque chose de cassé en l’homme pour qu’il accepte qu’un innocent paie pour lui. Même si la mort de Jésus est rédemptrice, il y a quand même quelque chose de révoltant dans cet acte. Ne croyons surtout pas que, pour Jésus, c’était une partie de plaisir. Il n’y va pas la fleur au fusil ; il lutte au Mont des oliviers pour rester fidèle à Dieu, fidèle à sa mission. En ce sens, lorsque notre vie s’éloigne de ce que Dieu attend de nous, nous sommes autant coupables que ceux qui ont manigancé pour que Jésus meure. Mais la mort de Jésus signifie aussi que Dieu fait du neuf. Ce qui se passe est si terrible que nécessairement, il y aura un après la mort de Jésus différent de l’avant la mort de Jésus. Rien ne sera plus pareil, justement parce qu’un innocent a dû payer la dette. L’Agneau sans tache, l’Agneau que Dieu avait envoyé dans le monde inaugure, en sa mort, un nouveau rapport entre l’humanité et Dieu. Il n’est pas possible qu’il en soit autrement ; comment ceux qui l’ont condamné ont-ils pu croire, ne serait-ce qu’un instant, que leur félonie n’aurait aucune conséquence ? Comment ont-ils pu croire que Dieu ne réagirait pas ? Comment pouvons-nous aujourd’hui encore croire que Dieu ne réagira pas devant le Mal commis envers les petits de ce monde ? Comment pouvons aujourd’hui encore croire que Dieu reste sourd aux appels de ceux qui crient vers lui du plus profond de leurs angoisses et de leur détresse ?



Jésus, l’Agneau de Dieu, ne se défend pas, parce qu’un Autre va prendre sa défense le moment venu. Jésus, l’Agneau de Dieu, ne se défend pas parce qu’il a à cœur de nous sauver, puisque nous ne pouvons nous sauver nous-mêmes. Jésus, l’Agneau de Dieu, se laisse tondre et sacrifier, parce que c’est pour cette heure qu’il est venu. Ecoutons encore le prophète : s'il fait de sa vie un sacrifice d'expiation, il verra sa descendance, il prolongera ses jours : par lui s'accomplira la volonté du Seigneur. À cause de ses souffrances, il verra la lumière, il sera comblé. Parce qu'il a connu la souffrance, le juste, mon serviteur, justifiera les multitudes, il se chargera de leurs péchés. C'est pourquoi je lui donnerai la multitude en partage, les puissants seront la part qu'il recevra, car il s'est dépouillé lui-même jusqu'à la mort, il a été compté avec les pécheurs, alors qu'il portait le péché des multitudes et qu'il intercédait pour les pécheurs.



En cette heure, laissons le silence régner et unissons notre cœur au cœur du Christ qui répand l’eau et le sang, signes du baptême et de l’eucharistie, sacrements offerts pour notre salut. C’est pour cette heure qu’il est venu, c’est pour cette œuvre qu’il est devenu l’Agneau de l’Alliance nouvelle. Amen.









(Photo : Matthias Grünenwald, Détail du Retable d'Issenheim, Musée Unterlinden, Colmar - 68)












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