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samedi 8 août 2020

19ème dimanche ordinaire A - 09 août 2020

 Quand Jésus marche sur l'eau...




            

          Il est bon quelquefois de se souvenir pour qui un auteur écrit ; cela permet d’entrer encore mieux dans son œuvre et de la comprendre davantage. Matthieu, quand il rédige son évangile, s’adresse à des chrétiens venant du monde juif, d’où son attention aux pratiques de la religion juive. Il veut montrer, à travers son œuvre, que Jésus est le nouveau Moïse, en mieux, en ce sens qu’il va plus loin, qu’il accomplit parfaitement la Loi. Nous en avions un bel exemple au chapitre cinq de l’évangile, celui qui commence par les Béatitudes et se poursuit par un long discours rythmé par ce refrain : On vous a dit… et bien, moi je vous dis… L’évangile de dimanche dernier n’échappait pas à cette comparaison, puisqu’il nous montrait Jésus nourrissant la foule à partir de cinq pains et deux poissons, établissant un parallèle avec le passage de la manne dans l’Ancien Testament, où l’on voit le peuple conduit par Moïse être nourri quotidiennement par ce don mystérieux. L’évangile d’aujourd’hui va lui-aussi dans ce même sens. 

            Il faut nous souvenir ici du geste libérateur posé par Moïse : il est celui qui a libéré son peuple de l’esclavage qu’il connaissait en Egypte, et par-delà ce geste, dans une compréhension spirituelle, celui qui a libéré son peuple du Mal symbolisé par ce pays oppresseur. Souvenons-nous un instant comment cela s’est fait. Il y a eu les dix plaies d’Egypte pour amener le Pharaon à comprendre son intérêt à laisser partir ce peuple. Il y a surtout eu le passage de la Mer Rouge, Moïse ayant écarté les eaux pour que le peuple puisse passer à pied sec, avant que les eaux ne se referment pour engloutir l’armée d’Egypte. C’est un geste fondateur, libérateur, qui affirme la puissance de ce Dieu au nom duquel Moïse agit. Il y a, dans cet acte dont nous faisons mémoire chaque année au cours de la nuit pascale, l’affirmation que le Dieu qui libère est le Dieu qui donne la vie, le Dieu qui s’oppose au Mal, le Dieu plus fort que le Mal. L’Egypte incarnait ce Mal par sa domination sévère sur le peuple issu de Joseph, autrefois admiré pour avoir sauvé l’Egypte et son peuple de la famine. 

            Dans l’évangile de Matthieu, nous assistons à un nouveau signe sur l’eau, posé par Jésus. Jésus n’écarte pas l’eau de la mer sur laquelle la barque des Apôtres est secouée, mais il marche sur l’eau et calme la tempête. Jésus fait mieux que Moïse, une fois de plus. Il est temps de rappeler maintenant que, dans la Bible, la mer représente le lieu où résident les forces du Mal pour bien comprendre les gestes de Moïse et de Jésus. En écartant les eaux pour que le peuple passe à pieds secs, Moïse écartait momentanément le Mal, le danger, et le peuple s’est retrouvé sur l’autre rive en sécurité, pendant que l’armée de Pharaon s’y noyait, entraînée par le mal qu’elle voulait faire au peuple que Dieu a libéré. Dans l’évangile, Jésus marche sur l’eau ; il écrase le Mal de son talon ; il s’en montre le plus fort, annonçant déjà sa victoire finale sur le Mal et la Mort quand il sera dressé sur la croix. Et quand il est enfin dans la barque, le vent cesse, la mer se calme. Le lieu où résident les forces du Mal n’est plus un obstacle à la mission des Apôtres dès lors que Jésus est avec eux. Autrement dit, le Mal ne peut rien contre les disciples qui vivent avec Jésus. Ils bénéficient de la victoire du Christ sur le Mal, ils sont forts, avec Jésus ; ils sont vainqueurs avec Jésus. 

            Nous en avons une preuve lumineuse avec Pierre. Voyant que c’était Jésus, il prit la parole : Seigneur, si c’est bien toi, ordonne-moi de venir vers toi sur les eaux. Jésus lui dit : Viens ! Pierre descendit de la barque et marcha sur les eaux pour aller vers Jésus. Mais, voyant la force du vent, il eut peur et, comme il commençait à enfoncer, il cria : Seigneur, sauve-moi ! Que se passe-t-il ? Tant que Pierre garde Jésus en ligne de mire pour avancer vers lui, il marche sur l’eau, il domine le Mal, il domine ses peurs. Mais dès qu’il est plus attentif au vent, dès que Jésus n’est plus le premier dans sa pensée, il prend peur et il coule. La force nécessaire pour lutter contre le Mal, pour marcher sur la Mer, nous l’avons tous en Jésus, s’il est bien au cœur de notre vie. Tant qu’il est au centre de notre vie, le Mal ne peut rien contre nous, puisqu’il a définitivement vaincu le Mal sur la croix. Dès lors que d’autres choses deviennent centrales, dès lors que nos peurs reprennent le dessus, nous prenons le risque d’être engloutis par le Mal, nous coulons, comme Pierre, comme une pierre. Il nous faut alors crier vers Jésus pour qu’il nous en tire à bras fort. Nous retrouvons cela sur toutes les icônes de la fête de Pâques ; elles nous montrent Jésus, franchissant les eaux de la Mort pour tirer Adam du séjour des morts, et après lui toute l’humanité. Il ne donne pas sa main à Adam, mais il le tire vers lui, le saisissant au poignant, dans un geste souverain, presque autoritaire, parce que oui, Jésus a autorité sur le Mal et la Mort ; Jésus est plus fort qu’eux, il sauve son peuple, le peuple de Dieu, non pas en écartant le Mal temporairement comme l’avait fait jadis Moïse, mais en écrasant le Mal, en le piétinant, définitivement. 

            Telle est l’œuvre de Jésus, l’œuvre qu’il réalise pour nous, l’œuvre à laquelle il nous associe puisque, identifiés à lui par le baptême (passage par l’eau, faut-il le rappeler), nous avons à combattre le Mal d’abord dans notre vie, puis autour de nous. Il n’y a pas de chrétien qui puisse se dispenser de ce combat primordial ; il n’y a pas de chrétien qui puisse dire : ce combat n’est pas le mien. Laissons-nous rejoindre par Jésus, gardons les yeux fixés sur Lui, et nous tiendrons notre part dans ce combat contre le Mal et la Mort. C’est notre fierté de disciples du Christ. C’est la mission de tous ceux qui veulent vivre de l’Esprit du Ressuscité. Amen.

 

            

    

(Tableau de Philipp Otto Runge, Saint Pierre marchant sur les eaux, 1806, Kunsthalle, Hambourg)

 

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