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dimanche 30 août 2020

22ème dimanche ordinaire A - 30 août 2020

 Il nous faut mourir pour vivre.




(Sieger Köder, Marie tenant le corps mort de Jésus)


          Il nous faut nous souvenir aujourd’hui de la belle profession de foi de Pierre entendue dimanche dernier et du geste inouï de Jésus lui confiant les clés du Royaume des Cieux, parce que la suite de l’histoire est moins belle, moins encourageante. Que s’est-il passé ? Il y a juste cette première annonce par Jésus, de sa Passion prochaine, c'est-à-dire la révélation du contenu de mission de salut. Il faudra, pour que l’homme soit sauvé, pour que le royaume des cieux lui soit ouvert, que Jésus meurt. Comment auriez-vous réagi en entendant votre ami vous dire qu’il va se rendre à Jérusalem pour y être mis à mort ? 

          Pierre, sans doute fort de sa profession de foi (Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant !) n’ose croire ce que ses oreilles viennent d’entendre : Dieu t’en garde, cela ne t’arrivera pas. Comment pourrait-il imaginer un seul instant que Dieu ait donné son Fils au monde pour le laisser mettre à mort ? C’est proprement inconcevable. Selon les Ecritures, le Christ, le Messie, est envoyé par Dieu pour sauver, pour libérer, pas pour mourir. Les morts ne sauvent personne, c’est bien connu ; il suffit de parcourir un cimetière pour s’en rendre compte ! Si nos cimetières sont remplis de gens indispensables, ils n’en sont pas pour autant très utiles, ces gens, à part pour cultiver nos souvenirs. Comment Jésus pourrait-il être utile s’il se retrouve coincé dans une tombe ? Sans doute, les onze autres réagissent-ils, dans leur for interne, de la même manière. Ce n’est juste pas possible, ce que Jésus vient de dire. C’est du grand n’importe quoi ! 

          La question que je me pose est alors celle-ci, bien conscient que je la pose parce que je connais toute l’histoire de Jésus, que Pierre ignore à ce moment-là, mais dont il aurait pu avoir quelques indices s’il avait bien écouté jusqu’à la fin. Je suis persuadé que, submergé par l’émotion en entendant Jésus dire qu’il lui fallait souffrir beaucoup et être tué, il n’est sans doute pas entendu la fin, c'est-à-dire le troisième jour ressusciter. Et quand bien même l’aurait-il entendu, je doute qu’il ait compris le sens de ce dernier mot, personne n’étant encore ressuscité à ce moment-là ! Nous avons plus de deux milles ans d’histoire, de signes qui attestent de cette résurrection : Pierre et les autres n’ont rien ; juste la parole mystérieuse de Jésus, et son assurance. Mais qu’est-ce que cela à côté de l’annonce de sa mort ? Que pèse un mot dont on ignore le sens à côté de deux mots dont on ne connaît que trop bien le sens : souffrir et mourir ? La longue explication de Jésus, précisant qu’il faudra à tout disciple (donc à nous aussi) accepter de mourir pour vivre, n’a pas plus de sens au moment où cette phrase est prononcée. Encore une fois, elle en a pour nous aujourd’hui, vingt-et-un siècle après, parce que nous nous appuyons sur le témoignage rendu par Pierre et les autres Apôtres, après Pâques, après les événements annoncés aujourd’hui dans l’évangile à ces mêmes Apôtres. 

          Je m’interroge alors, non pas sur la foi de Pierre magnifiquement exprimée dimanche dernier, mais sur la foi de tant de chrétiens pour qui la mort du Christ semble totalement inconcevable, à tel point qu’ils préfèrent croire en une réincarnation, toujours signe d’échec dans le bouddhisme, plutôt qu’en la réalité de ce que Jésus annonce aujourd’hui : il doit subir la mort, l’affronter sur son propre terrain, pour la vaincre définitivement et nous ouvrir ainsi la porte du Royaume des Cieux auquel nous sommes appelés. Ce que Jésus nous annonce in fine, c’est que nous sommes faits pour vivre avec lui, toujours, mais que le chemin vers cette vie pour nous, ne saurait être différent du chemin qu’il a lui-même emprunté : il nous faudra, à sa suite, passer la mort pour pouvoir vivre avec lui. Il n’y a pas d’autre chemin, le disciple n’étant pas au-dessus de son Maître, ni plus fort que lui. Quand viendra l’heure de notre mort, il faudra nous rappeler ces paroles de Jésus ; il nous faudra consentir à emprunter ce dernier chemin pour entrer dans la vie véritable, et non pas nous raccrocher à des ersatz laissant croire que nous pourrions revenir et recommencer à vivre ici-bas. Notre vie éternelle n’est pas ici-bas ; elle est en Dieu, auprès de Dieu, auprès de celles et ceux qui nous ont précédés et qui, dans le Christ, ont vaincu le mort. 

          La leçon fut sans doute difficile à entendre pour Pierre (Passe derrière moi, Satan) en ce jour où, pour la première fois, Jésus leur révélait le but de sa vie ; mais elle a pris tout son sens pour lui après Pâques, quand le Ressuscité s’est manifesté à ses Apôtres pour les envoyer en son nom vers les hommes que Dieu aime et sauve en Jésus, mort et ressuscité. La leçon est quelquefois difficile à entendre et à assimiler aujourd’hui encore, mais c’est la même leçon, le même chemin qui sont enseignés. Il n’y en a pas d’autre possible. Comme Pierre, il nous faut apprendre que la mort n’est pas le dernier mot de notre histoire. Nous aussi, nous sommes appelés à ressusciter à la suite du Christ. Que notre vie et nos actes expriment notre foi : seul celui qui renonce à lui-même et qui prend sa croix peut suivre Jésus. Nous ne vaincrons pas la mort en espérant revivre ici-bas (réincarnation) ; nous ne vaincrons la mort qu’en l’affrontant dans la puissance du Christ Sauveur. Amen.

 

 

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