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samedi 15 août 2020

20ème dimanche ordinaire A - 16 août 2020

 La Cananéenne, Isaïe, saint Paul : même message, même combat.




(Jésus et la Cananéenne, icône du Patriarcat orthodoxe de Roumanie, Source internet)


          Ne faisons pas comme les disciples ; n’accablons pas cette femme qui poursuit Jésus et ses amis de ses cris pour que quelque chose se passe pour elle et son enfant. Ne faisons pas davantage comme ceux qui disent que l’Ancien Testament est dépassé depuis la venue de Jésus : ce que le prophète Isaïe proclame, nous concerne encore aujourd’hui. Ne faisons pas enfin comme si nous étions désormais les meilleurs ; entendons bien ce que Paul nous partage dans sa lettre aux Romains. Entrons dans chaque parole prononcée ce matin et accueillons-les comme autant de bonnes nouvelles pour nous aujourd’hui. La Cananéenne, Isaïe et Paul, c’est même message, même combat. 

            N’accablons pas cette femme qui crie après Jésus. Elle veut une guérison pour sa fille. Les disciples sont agacés parce qu’elle leur casse les oreilles. Cela doit cesser, d’où leur demande adressée à Jésus : Renvoie-la car elle nous poursuit de ses cris. Vous comprenez, elle ne fait pas partie de leur groupe, elle n’est même pas juive ; c’est une étrangère ! Et Jésus semble aller dans ce sens quand il affirme : Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël. Pire encore juste après :  Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens. Rude, l’intervention. Jésus nous avait habitués à mieux, à plus de compassion, à plus de miséricorde ! Raison de plus pour nous de ne pas accabler cette femme désespérée, d’autant plus qu’elle est des nôtres, elle est nous. Car, à moins que vos ancêtres lointains n’aient été juifs au temps de Jésus, elle est bien de notre camp, elle parle pour nous. Loin de l’accabler, il nous faut la remercier parce que son intervention nous ouvre une espérance, son intervention nous ouvre la porte du salut : Oui, Seigneur, mais justement, les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres. Quelle foi admirable est ainsi exprimée. Non seulement elle ne s’offusque pas à cause de la parole de Jésus, mais elle la retourne à son avantage. Elle ne veut rien qui ne soit pas pour elle ; mais elle peut bien profiter de ce que les autres n’ont pas voulu. Si les brebis perdues d’Israël ont laissé Jésus s’en aller vers les régions de Tyr et de Sidon, vers ces régions étrangères, pourquoi les habitants de ces régions ne profiteraient-ils pas de celui qui arrive ainsi chez eux ? Pourquoi ne l’accueilleraient-ils pas ? Pourquoi ne pourraient-ils pas reconnaître Jésus pour ce qu’il est ? Jésus ne s’y trompe pas : il y a là une foi puissante qui est exprimée. Que tout se fasse pour cette femme comme elle veut. A l’heure même, sa fille fut guérie, nous dit sobrement saint Matthieu. 

            Je ne sais pas si cette femme avait lu le prophète Isaïe, mais nous l’avons entendu. Et c’est bien de nous qu’il parlait lorsqu’il prophétisait ainsi : les étrangers qui se sont attachés au Seigneur pour l’honorer… je les conduirai à ma montagne sainte, je les comblerai de joie… Longtemps avant Jésus Christ, le prophète rappelait ainsi la vocation d’Israël d’être lumière pour les nations païennes, et la réalité de cette vocation : elle est effective, des peuples peuvent se convertir en regardant vivre le peuple choisi. Il nous faut bien entendre toute la prophétie de ce jour. Elle commence par ces mots : Observez le droit, pratiquez la justice. Voilà dit clairement ce que doit vivre le peuple choisi pour être fidèle à sa vocation ; mais voilà aussi annoncé ce que doivent vivre les étrangers qui se sont attachés au Seigneur. Le droit et la justice sont signe de cet attachement au Dieu de l’Alliance ; ils sont le chemin qui conduit à la montagne sainte. Que nous entendions ce texte dans les conditions mêmes dans lesquelles il a été prononcé (à savoir nous ne faisions pas partie à l’époque du peuple élu sauf à vivre dans cette région) ou que nous l’entendions avec un regard chrétien sur un texte qui ne l’est pas (à savoir que l’Eglise peut être comprise comme une incarnation de ce peuple que Dieu s’est choisi par la nouvelle Alliance signée dans le sang de Jésus), quelle que soit notre lecture donc, nous n’échapperons pas au devoir de justice, nous n’échapperons pas à l’obligation d’observer le droit. Les dix commandements et toute la Loi ne sont pas abolis, mais accomplis en Jésus. Nous devons être d’autant plus rigoureux dans l’observation de la Loi, dans la pratique de la justice. Je vous renvoie au discours de Jésus sur la montagne en Matthieu chapitre 5 : Vous avez appris qu’il a été dit aux ancêtres… et bien moi, je vous dis… 

            Il n’y a donc pas de quoi prendre la grosse tête au prétexte que nous sommes chrétiens. Le fait de suivre Jésus ne nous rend pas meilleurs que le peuple de la première Alliance qui ne l’a pas reconnu, et Dieu ne s’est pas détourné d’eux. Paul le dit très fort dans la lettre aux Romains. Les dons gratuits de Dieu et son appel sont sans repentance. En clair, Dieu ne regrette pas cette première Alliance ; elle n’est pas annulée par l’Alliance faite en Jésus Christ, mort et ressuscité pour le salut de tous les hommes. Ces deux Alliances ont en commun d’être chacune le signe que Dieu fait miséricorde à son peuple. Chacune mène au salut pourvu qu’elle soit vécue honnêtement. Nos frères aînés dans la foi qui vivent dans le respect de la Loi donnée à Moïse parviendront au salut à cause de leur foi ; le chrétien qui vit l’Evangile de Jésus Christ parviendra au salut par sa foi ; les hommes de bonne volonté, qui ne connaissent ni Moïse, ni Jésus, mais qui vivent selon le droit et la justice, parviendront à la montagne sainte. Car aux uns comme aux autres, Dieu fait miséricorde ; Dieu fait miséricorde à l’homme juste ; Dieu fait miséricorde à celui qui observe le droit. Dieu fait miséricorde à ceux qui aiment, parce qu’au fondement de la Loi de Moïse, au fondement de l’Evangile de Jésus Christ, au fondement du droit et de la justice, il y a l’Amour. Celui qui vit la Loi de Moïse, aime Dieu et son prochain et est aimé de Dieu qu’il connaît par la révélation de cette première Alliance  ; celui qui vit de l’Evangile de Jésus Christ, aime Dieu et son prochain et est aimé de Dieu qu’il connaît par la révélation faite en Jésus Christ ; celui qui pratique le droit et la justice aime son prochain et est aimé de Dieu, même s’il ne connaît pas Dieu ; Dieu se révèlera à lui dans son Royaume. 

            Ayant ainsi mieux pénétrés la Bonne Nouvelle de ce dimanche, nous pouvons réentendre, mieux comprendre et faire nôtre vraiment la prière de ce dimanche entendue au début de la célébration : Pour ceux qui t’aiment, Seigneur, tu as préparé des biens que l’œil ne peut voir : répands en nos cœurs la ferveur de ta charité, afin que t’aimant en toute chose et par-dessus tout, nous obtenions de toi l’héritage promis qui surpasse tout désir, par Jésus, le Christ, notre Seigneur. Amen.

 

 


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