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jeudi 24 décembre 2020

Noël - 25 décembre 2020

 Fais comme Dieu, deviens humain !



(Tableau d'Arcabas, Source internet)



Après quatre dimanches de préparation, voici donc le temps de Noël que nous inaugurons (nous avons inauguré[1]) cette nuit. Les quatre messes de Noël, dont les formulaires sont utilisés en fonction de l’heure à laquelle la communauté célèbre, nous font entendre quantité de textes bibliques différents. Je ne peux que vous encourager à prendre le temps de les lire tous durant ces jours. Ils éclairent ce mystère de Noël chacun à leur manière. 

Si nous ne prenons que les évangiles par exemple, nous lirons (avons lu), dans l’ordre des messes de cette solennité, la généalogie de Jésus telle que l’a établie Matthieu (première messe de Noël) nous rappelant la grande famille de ses ancêtres, de nos ancêtres dans la foi et indiquant par-là que Jésus s’inscrit bien dans ce peuple de l’Alliance que Dieu rassemble depuis qu’il a appelé Abraham ; la naissance de Jésus bien sûr (messe de minuit) telle que la rapporte saint Luc dans son Evangile, avec ce côté merveilleux qui nous met relation presque instantanément avec la puissance de Dieu, tout en soulignant le contraste entre Dieu qui vient dans le monde alors même que les hommes ne sont pas prêts à le recevoir ; la visite des bergers à la crèche selon Luc (messe de l’aurore) avec le témoignage qu’ils rendent au sujet de cet Enfant et leur louange à Dieu ; et enfin le prologue de l’Evangile de Jean (messe du jour) qui nous fait sortir du merveilleux pour nous plonger dans une vue plus théologique. Ce dernier nous rappelle aussi que la naissance de cet Enfant a une conséquence inouïe pour ceux qui le reçoivent : ils deviennent enfants de Dieu. Cette succession de textes a provoqué en moi une question que je vous livre : Dieu fait-il quelque chose d’extraordinaire en se faisant enfant ? 

Certains diront : ben oui, ce n’est quand même pas courant ; la preuve, ce n’est arrivé qu’une seule fois selon la foi des chrétiens. C’est vrai ; cela n’est arrivé qu’une fois, comme pour nous. Nous aussi, nous sommes entrés dans ce monde enfant, et nous ne le faisons qu’une seule fois. Parce que mis à part l’étrange histoire de Benjamin Button que nous a raconté David Fincher, le cours normal de toute vie commence par l’enfance et finit par la vieillesse. Encore une fois, il n’y a là rien d’extraordinaire. Ni pour nous, ni pour Dieu. Par contre de toutes les divinités que se partagent les hommes à cette époque, je n’en connais pas d’autre qui ait fait ce choix audacieux de devenir humain, non pour se jouer des hommes, mais pour vivre leur vie, avec tout ce qu’elle a d’ordinaire, avec tout ce qu’elle peut comporter d’épreuves, de trahisons, de souffrances, allant jusqu’à la mort même. Et pas n’importe laquelle puisque nous savons que cet Enfant, né sur le bois d’une mangeoire mourra sur le bois d’une croix. Ce qui est audacieux aussi, me semble-t-il, de la part de Dieu, c’est de prendre ce chemin d’humanité pour nous sauver et nous inviter à le suivre sur ce chemin qu’il a pris.  En fait, pour nous sauver, Dieu nous invite à l’humanité. Puisqu’il s’est fait humain, nous devons nous faire humains à notre tour, nous devons nous humaniser. C’est ce que nous invite à faire un évêque allemand, Mgr Franz KAMPHAUS qui a donné comme titre à l’un de ses ouvrages : Mach’s wie Gott, werde Mensch ! Fais comme Dieu, deviens humain ! 

Nous qui cherchions le chemin de la sainteté en essayant d’être parfait comme Dieu, voici qu’à Noël Dieu vient nous dire que notre chemin de sainteté, c’est notre humanité. Et donc que plus nous deviendrons humains, plus nous serons comme Dieu. Plus nous deviendrons humains, plus nous serons saints. Il n’y a pas à chercher hors de nous la trace de Dieu dans notre vie ; en se faisant humain, Dieu nous dit de le chercher au plus profond de nous, de le chercher là où nous ne penserions pas le trouver. Or Dieu est bien en nous, avec nous. Ne croyons-nous pas que nous accueillons Dieu en nous lorsque nous partageons le Pain de l’Eucharistie ? Cet Enfant nouveau-né, couché dans une mangeoire, tout Dieu qu’il est, prend le chemin ordinaire des humains pour se faire proche d’eux. Le plus grand miracle de Jésus, c’est peut-être d’avoir fait preuve d’humanité en toutes circonstances. Quelqu’un de malade venait à lui le jour du sabbat ? Il se trouvait guéri, sans attendre, parce que le salut n’attend pas ; parce que Dieu n’attend pas et ne nous fait pas attendre. Le discours programmatique de Jésus que nous connaissons sous le nom de béatitude n’exprime-t-il pas ce que devrait être notre humanité ? Tous les gestes posés par cet Enfant quand il sera grand ne sont-ils pas d’abord des gestes d’humanité envers ceux qui viennent vers lui ? Son refus de juger, de coller des étiquettes sur les gens, tout cela ne devrait-il pas être le comportement normal d’un humain ? L’attention bienveillante aux pauvres, aux malades, aux étrangers, aux exclus… n’est-ce pas une caractéristique de notre humanité ? Si les hommes et les femmes de notre temps ne sont pas humains, si nous ne sommes pas humains, à quoi servons-nous ? Si les hommes et les femmes de notre temps ne sont pas humains, si nous ne sommes pas humains, comment notre monde deviendra-t-il meilleur ? Si nous, qui croyons en Dieu, ne sommes pas humains, comment pouvons-nous nous plaindre de la dureté de notre monde ? Seule l’humanité des hommes pourra adoucir ce monde que l’humanité de Dieu est venue sauver. 

Dieu, quand son Fils est entré dans le monde, a trouvé porte close et s’est réfugié dans une étable. Il aurait pu déclencher le feu du ciel pour se venger ; il est resté humain. Il a trouvé quelques bergers à qui la nouvelle de la naissance a été transmise ; et ils sont venus, eux les exclus, les sans domiciles, rendre visite à ce petit d’homme, à ce petit de Dieu. C’est même par son humanité qu’il nous dit le mieux qu’il est le seul Dieu, le vrai Dieu. Toutes les divinités qui, à l’époque de Jésus, exigeaient des sacrifices humains, exigeaient donc l’inhumanité, ont disparu. Seul est resté et reste le Dieu qui s’est fait homme, le Dieu qui a pris part à notre humanité, le Dieu qui a refusé l’inhumanité et la violence. Tu sais donc maintenant ce qu’il te reste à faire pour partager son éternité : Fais comme Dieu, deviens humain ! Amen.



[1] Les indications entre () sont pour la messe du jour de Noël

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