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samedi 16 janvier 2021

02ème dimanche ordinaire B - 17 janvier 2021

 Alors Eli comprit...


(Le jeune Samuel et le prêtre Eli, Peinture à l'aiguille, 19ème siècle, source internet, site Expertissim.com)






        Dans la plupart des festivals de cinéma, il y a un prix pour le meilleur second rôle, parce qu’une bonne histoire, ce n’est pas qu’un personnage principal qui brille ; une bonne histoire est faite aussi de tous ces autres personnages qui permettent au principal de se détacher. Nous le vérifions aujourd’hui dans la première lecture et dans l’évangile.            

Je le reconnais volontiers : l’histoire du jeune Samuel m’émeut. Cette figure du Premier Testament a quelque chose d’attachant. Souvenez-vous : sa mère Anne ne pouvait avoir d’enfant car, dit la Bible, le Seigneur avait rendu stérile son sein. La seconde épouse de son mari cependant avait pleins d’enfants et se moquait d’Anne et de sa stérilité. Lors d’un pèlerinage au sanctuaire de Silo, Anne avait supplié le Seigneur de lui accorder un enfant ; et le Seigneur se souvint d’elle et elle enfanta ce fils tant espéré. L’histoire aurait pu s’arrêter là. Tout le monde était content ! Mais voilà, Anne, dans sa tristesse, avait fait cette promesse : Seigneur de l’univers ! Si tu veux bien regarder l’humiliation de ta servante, te souvenir de moi, ne pas m’oublier, et me donner un fils, je le donnerai au Seigneur pour toute sa vie, et le rasoir ne passera pas sur sa tête. Le fils donné par le Seigneur à sa mère sera un fils donné au Seigneur par sa mère. Le Seigneur a sauvé l’honneur d’une femme en lui accordant un fils ; elle peut donc rendre au Seigneur ce fils afin qu’il serve le Dieu qui l’a appelé à la vie.  C’est ainsi que nous retrouvons l’enfant dormant dans le Temple du Seigneur à Silo. Toute l’histoire de la vocation de Samuel semble se jouer entre le Seigneur qui appelle et l’enfant qui entend sa voix, sans savoir encore quelle est cette voix. Et c’est ainsi qu’apparaît notre second rôle, Eli, le prêtre de Seigneur à Silo. Au temps de Samuel, il est déjà âgé, et quasiment aveugle. Il était couché dans sa chambre quand le jeune Samuel, par trois fois se précipite à son chevet : Tu m’as appelé, me voici. Le texte biblique prend le soin de préciser : La parole du Seigneur était rare en ces jours-là, et la vision, peu répandue. Ceci explique peut-être que le Seigneur dû s’y reprendre à trois fois. Notez au passage ce qui est pour moi une incohérence : d’une part, il est dit dans le texte biblique que le jeune Samuel assurait le service du Seigneur en présence du prêtre Eli. Et d’autre part, nous apprenons dans le passage de ce jour que Samuel ne connaissait pas encore le Seigneur. Peut-on servir quelqu’un que l’on ne connaît pas ? Mais bon, laissons cela. Ce qui m’intéresse, c’est la réaction finale d’Eli. Quand Samuel vient une troisième fois vers lui, il est dit : Alors Eli comprit que c’était le Seigneur qui appelait l’enfant. Il est le maillon essentiel de cette histoire car il va donner à Samuel la clé de compréhension et lui ouvrir ainsi son avenir : Eli lui dit : « Va te recoucher, et s’il t’appelle, tu diras : “Parle, Seigneur, ton serviteur écoute.” » Sans le discernement d’Eli, la voix aurait pu se faire entendre encore longtemps cette nuit-là ! Il est celui qui permet la rencontre, celui qui fait les présentations en somme. Et tout devient possible. 

Nous retrouvons la même chose dans l’Evangile de ce dimanche. Sans Jean le Baptiste et sa petite phrase : Voici l’Agneau de Dieu, les deux disciples de Jean le Baptiste n’aurait pas suivi Jésus qui allait et venait à cet endroit. Il est le second rôle qui permet aux troisièmes couteaux de suivre celui qui allait désormais prendre de l’importance, Jésus, celui que Jean désigne comme l’Agneau de Dieu. c’est son discernement qui permet la rencontre : Posant son regard sur Jésus qui allait et venait, il dit : Voici l’Agneau de Dieu. Il n’a rien dit d’autre ; il n’a pas dit à ses disciples de devenir disciples de Jésus. Voyant Jésus, il a compris, il a donné un témoignage qui a donné envie. Comme jadis Eli a attiré l’attention de Samuel sur cette voix en l’invitant à l’écouter, Jean le Baptiste a attiré l’attention de ces disciples sur Jésus. Les seconds rôles vont s’effacer, l’un au bénéfice de Samuel, l’autre au bénéfice de Jésus. Mais leur place et leur rôle ont été révélateurs. Ils ne sont pas responsables de la suite des événements, ils sont juste là, au début. 

Ceci doit nous inspirer et nous réconforter aussi. Souvent, des parents et davantage encore des grands parents, se lamentent en constatant qu’ils ne sont plus suivis par leurs enfants en matière religieuse. Nous avons tout fait ce qu’il nous était possible de faire, mais ils ne veulent plus. Je le dis clairement si c’est votre cas : vous avez été pour eux comme Eli et comme Jean le Baptiste. Vous avez rendu le témoignage qu’il fallait. Le reste ne vous appartient plus. Vous avez transmis ce qui vous semblait juste, ce que vous aviez discerné comme étant essentiel. Le reste appartient à l’histoire de vos enfants et à Dieu. Vous ne pouviez pas faire plus, mais vous deviez faire ce que vous avez fait. De même pour moi qui suis prêtre : en plus de vingt-cinq années de sacerdoce, j’ai baptisé un grand nombre d’enfants, j’ai présidé de nombreux mariages, j’ai préparé des enfants et des jeunes aux sacrements de l’initiation chrétienne du mieux que j’ai pu, avec les catéchistes qui ont collaboré à cette tâche essentielle. Ce qui se passe après, c’est l’affaire de Dieu. Nous devons toujours discerner ce qu’il faut dire, comment le dire, à quel moment le dire pour faire découvrir ce Dieu qui appelle tous les hommes à le suivre ; mais nous ne pouvons faire que cela. C’est essentiel et nécessaire, mais cela ne fait pas tout. Si Samuel n’avait pas répondu selon la parole transmise par Eli, rien ne se serait fait. Si, ayant répondu selon la parole du prêtre Eli, Samuel avait décidé par la suite que cela ne l’intéressait pas, tout se serait arrêté. Si les disciples du Baptiste ne l’avaient pas entendu témoigner au sujet de Jésus, ils ne se seraient pas mis en route. Et si, ayant répondu à l’invitation de Jésus : Venez et vous verrez, ils avaient trouvé les choses pas à leur goût, ils seraient revenus vers Jean le Baptiste. C’est le même phénomène qui joue pour André et Simon-Pierre. Le premier était l’un de ces disciples ayant entendu le témoignage du Baptiste ; et il témoigne à son tour devant son frère, qui le rejoint. Mais tout se joue après, dans le regard de Jésus sur Simon. 

Alors Eli comprit… Alors Jean le Baptiste comprit… Alors untel compris… Il nous revient de comprendre pour d’autres ce moment où Dieu passe dans leur vie et de le signifier discrètement. Le reste, c’est la mystérieuse aventure de la foi, la mystérieuse rencontre entre le Christ et une histoire humaine particulière. Nous avons tous connu un prêtre Eli, un Jean le Baptiste qui nous a ouvert le cœur et l’intelligence aux choses de la foi. Soyons reconnaissant pour leur passage dans notre vie. Nous avons été pour d’autres ce prêtre Eli, ce Jean le Baptiste. Sachons rendre grâce à Dieu pour cela, et prions pour ceux que nous avons ainsi éveillé à la foi : que Dieu lui-même achève en eux ce qu’il a commencé par notre témoignage. Amen.

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