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jeudi 21 avril 2011

Vendredi Saint : 22 avril 2011

En Jésus crucifié, découvrir Dieu.


Nous avons une Loi, et suivant la Loi, il doit mourir parce qu’il s’est prétendu Fils de Dieu. Je ne suis pas sûr que cela ait été très malin de la part des chefs du peuple d’avancer cet argument à Pilate, représentant l’autorité romaine, polythéiste par nature. Lorsque l’on sait que le panthéon romain comprenait aussi des enfants nés d’union entre les divinités et l’humanité, on comprend mieux la crainte de Pilate. Et si celui-là, qu’on lui amène aujourd’hui, était un de ceux-là ? Ne risque-t-il pas de fâcher les dieux de l’Olympe ? La crainte de Pilate exprime bien le chemin que nous avons tous à faire devant Jésus qui marche vers sa mort.

Ce chemin est simple à exprimer : il s’agit de passer du Jésus de l’Histoire au Christ, celui que Dieu envoie pour sauver les hommes. Il s’agit de faire ce saut dans la foi et croire que Dieu intervient bien dans l’Histoire de l’humanité pour un mieux, pour un salut unique et définitif. Là où les chefs des prêtres ne voient qu’un imposteur, un gêneur, un falsificateur, nous sommes invités à voir celui que Dieu envoie pour nous sauver ; nous sommes invités à croire que Jésus est bien le Fils unique de Dieu, venu dans le monde pour nous libérer de la mort et du péché.

Certes, on peut comprendre la déception de certains. D’un Fils de Dieu, on attend autre chose que quelqu’un qui se laisse conduire à la mort, comme un agneau à l’abattoir. Un signe de puissance, un signe de majesté, ce n’est quand même pas trop demander ! Mais des signes, il y en a eu, tout au long de la vie de Jésus. Les signes que Dieu intervient dans notre histoire, qu’il a souci du faible et du pauvre, n’ont pas manqué tout au long du ministère de Jésus. Et c’est bien à cause de ces signes, à cause de ses paroles, que Jésus est aujourd’hui jugé et condamné. Quand il donnait des signes, quand il parlait de ce Père qui l’a envoyé, nous n’avons pas voulu l’entendre. Nous avons préféré nos certitudes, notre confort plutôt que de suivre ce Jésus.

Mais voilà, il ne nous sera donné aucun autre signe, sinon celui de cet homme Jésus, rejeté, condamné, élevé de terre sur une croix. Un innocent que même l’autorité politique n’arrive pas à sauver. Pas d’autre signe que celui de cet homme, mis au ban de l’humanité pour avoir dit qu’il était Fils de Dieu. Dieu lui-même est ainsi rejeté ; sa Parole étouffée ; son Fils unique condamné et tué. Quand l’humanité n’est pas contente de l’image que Dieu renvoie de lui, plutôt que de chercher à comprendre Dieu, elle le supprime.

Et pourtant, Jésus est bien Fils de Dieu. Et pourtant, Dieu est bien du côté de cet homme crucifié. Ce n’est pas évident à croire ; ce n’est pas simple à voir : mais Dieu a choisi ce qu’il y a de faible pour confondre les forts, ce qu’il y a de plus fou pour confondre les sages. Comment vaincre le Mal sans l’affronter en ce combat singulier ? Comment libérer les hommes de la Mort sans aller la visiter sur son propre terrain et lui arracher son pouvoir en libérant ceux qu’elle retient déjà dans ses liens ? Dieu n’avait pas d’autre choix que d’assumer notre humanité en Jésus. Dieu n’avait pas d’autre choix que d’affronter le Mal et la Mort pour les vaincre. Dieu n’avait pas d’autre choix que de livrer son Fils pour nous dire son amour infiniment grand, infiniment puissant. Dieu n’avait pas d’autre choix que celui-là : aller à la mort, s’y soumettre pour mieux la vaincre, pour mieux nous en libérer.

En Jésus crucifié, découvrir Dieu, voilà bien le défi de ce jour de la mort de Jésus. Devant sa croix, devant son corps mis au tombeau, nous pouvons dire que tout est fini ; on ne parlera plus de ce Jésus qui s’est prétendu Fils de Dieu. Mais devant sa croix, devant son corps mis au tombeau, nous pouvons aussi encore croire que Dieu ne peut se satisfaire du jugement des hommes sur lui, que Dieu nécessairement prendra parti en faveur du Juste condamné et que ce signe de la croix dressée sera expliqué, lisible par tous ceux et celles qui croient que Dieu guide notre histoire, que Dieu porte un projet d’amour pour chacun de nous. Et que ce projet ne saurait être anéanti par la mort de Jésus. La prophétie d’Isaïe ne peut qu’être vraie, puisque c’est Dieu lui-même qui s’exprimait jadis par son prophète : Mon serviteur réussira, dit le Seigneur ; il montera, il s’élèvera, il sera exalté ! … Il était méprisé, abandonné de tous, … familier de la souffrance… Or, c’est à cause de nos fautes qu’il a été transpercé, c’est par nos péchés qu’il a été broyé… Le châtiment qui nous obtient la paix est tombé sur lui, et c’est par ses blessures que nous sommes guéris… A cause de ses souffrances, il verra la lumière, il sera comblé… Dieu l’a promis, Dieu le fera. En Jésus crucifié. Moi, je le crois. AMEN.






(Photo : détail d'une oeuvre de Richard Holterbach, Oratoire du Séminaire du Prado, Limonest)

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