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samedi 12 mars 2016

05ème dimanche de Carême C - 13 mars 2016

Acte 5 de la miséricorde : laisser une chance à un avenir !




Maître, cette femme a été surprise en flagrant délit d’adultère. Or, dans la Loi, Moïse nous a ordonné de lapider ces femmes-là. Et toi, que dis-tu ? Nous sentons bien, en entendant cette interpellation de Jésus que l’histoire doit mal finir. Jean a-t-il vraiment besoin de préciser que les scribes et les pharisiens parlaient ainsi pour le mettre à l’épreuve, afin de pouvoir l’accuser ? Le seul fait qu’ils n’amènent auprès de Jésus que la seule femme montre bien leurs intentions hostiles. Ils ne veulent pas engager le procès de l’adultère mais bien celui de Jésus. Comment va-t-il s’en sortir ? En faisant œuvre de miséricorde à plus d’un titre ! 
 
Curieusement, il me semble que les premiers bénéficiaires de la miséricorde de Jésus soient justement et paradoxalement… les scribes et les pharisiens ! En les renvoyant à leur propre condition [Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre], il éclaire ceux qui sont dans le doute et qui sont venus chercher conseil auprès de lui. Il leur évite surtout d’être accusé d’avoir manipulé la justice, ce qu’ils ont fait de toute manière en oubliant la moitié du crime d’adultère ! Jamais, avant ce jour, nous aurions imaginé qu’un adultère se commette tout seul ; il faut nécessairement être au moins deux ! Jésus ne les dénonce pas publiquement ; il ne les place pas devant leurs contradictions ; il les invite à s’examiner. Sans avoir besoin de dire grand-chose, il a instruit ces ignorants qui, lorsqu’ils comprennent enfin, se sont en allés un par un, en commençant par les plus âgés. Deux œuvres de miséricorde spirituelles en leur faveur ! J’espère qu’ils auront été reconnaissants pour ce bénéfice. 
 
Venons-en à la femme accusée d’adultère. Vous remarquerez d’abord que Jésus ne semble pas tellement s’intéresser à elle : il ne lui demande pas d’explication ; il semble même ailleurs au départ, s’abaissant pour écrire, Dieu sait quoi, sur le sol. Vous remarquerez aussi qu’elle ne se défend pas. Elle n’a pas le réflexe si courant de dire : ce n’est pas moi ; c’est la faute de l’autre. Elle est consciente de son péché, elle reste silencieuse. Veut-elle éviter d’aggraver son cas ? Son silence manifeste-t-il son regret ? Sans doute. Quand enfin il ne reste plus qu’elle et Jésus, celui-ci ne l’interroge pas sur son crime, mais sur ses accusateurs : Femme, où sont-ils donc ? Personne ne t’a condamnée ? Le motif de sa présence importe peu ; Jésus n’est pas curieux de savoir ce qu’elle a fait, avec qui elle l’a fait et comment elle l’a fait. Ce qui excite la curiosité de Jésus, ce sont les autres, les accusateurs soudain évanouis. Après tout, ce sont eux qui sont venus vers Jésus avec une demande, pas cette femme. Mais, à cette femme qui ne demandait rien, va être fait une grande grâce : la grâce du pardon. Personne ne t’a condamnée ? Moi non plus je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus. Jésus est-il trop cool avec cette femme ? Veut-il nous dire que l’adultère, après tout, ce n’est pas si grave ? Ceux qui attendaient un grand traité sur le lien conjugal et son caractère sacré en sont pour leur frais. Mais n’allez pas croire pour autant que Jésus favorise le péché. Il ne condamne pas la femme, mais il ne l’autorise pas davantage à poursuivre : désormais ne pèche plus. Saint Augustin a écrit dans son traité sur saint Jean : Le Seigneur a porté condamnation, mais il a condamné le péché et non pas le pécheur. En invitant la femme à ne plus pécher, c’est bien l’adultère qu’il condamne ; ne recommence pas ! La femme, elle, il la libère, il lui rend sa dignité. Les scribes et les pharisiens voulaient exercer la justice ; Jésus exerce la miséricorde. Il va au-delà de la justice en laissant une chance à un avenir pour cette femme. Il nous rappelle ainsi que personne n’est à identifier à son péché, et s’il faut condamner le péché, il faut faire miséricorde à celui qui le commet. Au péché, la fin ; aux hommes, un avenir nouveau, libéré du péché, du mal et de la mort. Voici que je fais une chose nouvelle, dit Dieu par son prophète Isaïe. Cette nouveauté absolue, c’est bien l’exercice de la miséricorde par Dieu lui-même. Il n’est pas celui qui punit, il n’est pas celui qui condamne ; Dieu est celui qui nous sauve ; Dieu est celui qui nous libère ; Dieu est celui qui nous ouvre un avenir : si Dieu n’est pas ainsi, alors changez-en, trouvez-en un autre. Pour reprendre saint Paul entendu dans la seconde lecture, une seule chose compte : oubliant ce qui est en arrière [le péché, la vie sans Dieu], et lancé vers l’avant [une connaissance toujours plus grande de Jésus Christ], je cours vers le but en vue du prix auquel Dieu nous appelle là-haut dans le Christ Jésus. Ce but, c’est bien notre avenir, à savoir une vie libérée, une vie tout entière sous le signe du Christ. Au péché, la condamnation ; au pécheur, la liberté et la vie. Nous retrouvons ce que le pape François ne cesse de demander aux prêtres confesseurs : détester le péché mais aimer le pécheur pour qu’il découvre la tendresse et la miséricorde de Dieu et qu’il comprenne enfin à quel point il est aimé. 
 
Faire miséricorde, ce n’est pas être laxiste ; faire miséricorde, ce n’est pas autoriser tout et n’importe quoi. Faire miséricorde, c’est aller au-delà de la justice et laisser un avenir ouvert à l’autre, à celui qui m’a blessé, à celui qui a mal agit envers moi. Nous saisissons alors mieux l’importance de la miséricorde ; sans elle, sans l’avenir qu’elle ouvre, la vie n’est pas possible. Sans miséricorde, il n’y a plus d’humanité ; sans miséricorde, il n’y a plus que des règles à respecter impérativement sous peine de mort. Sans miséricorde, l’homme perd l’image et la ressemblance avec Dieu voulu par celui-ci depuis les origines. La miséricorde que nous exerçons est bien le signe que Dieu vit en nous et que nous vivons de Dieu.
 
Il nous faut remercier la femme adultère : grâce à elle, Jésus a pu nous dire qu’au-delà de la justice, il y a la miséricorde ; au-delà du péché, il y a un avenir toujours possible ; au-delà du pécheur, il y a l’humanité que Dieu veut réconciliée avec lui. Que ces dernières semaines de carême soient pour nous celles d’un pardon accueilli, d’une liberté renouvelée, d’un avenir retrouvé. Amen.
 
(Dessin de la revue L'image de notre paroisse, n° 207, mars 2004, éd. Marguerite)

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