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vendredi 25 mars 2016

Vendredi Saint - 25 mars 2016

Du monde des hommes au monde de Dieu par une vie donnée.





Un prêtre qui avait passé toute sa vie au service des plus pauvres, se dépensant sans compter, avait été interrogé par des journalistes sur le sens de sa vie et l’intérêt de faire le bien sans avoir de retour. Ne craignait-il pas d’avoir raté sa vie s’il venait à découvrir que Dieu, finalement, n’existait pas ? Sa réponse fut la suivante : si Dieu existe, comme je le crois, je tiendrai ma récompense de lui ; s’il n’existe pas, comme vous semblez l’affirmer, je n’aurai pas à regretter d’avoir fait le bien ; j’aurai fait preuve d’humanité, et c’est déjà bien assez. N’est-ce pas cela qui est en jeu au moment où nous nous retrouvons pour célébrer la passion de notre Seigneur Jésus Christ ? Savoir ce qui permet de dire qu’une vie est réussie, intéressante à vivre ? 
 
Mon serviteur réussira, dit le Seigneur dans le livre du prophète Isaïe. Pourtant, ce qu’il décrit de son serviteur, c’est tout, sauf une réussite à vue humaine : il était si défiguré qu’il ne ressemblait plus à un homme… il était sans apparence ni beauté qui attire nos regards, son aspect n’avait rien pour nous plaire. Méprisé, abandonné des hommes, homme de douleurs, familier de la souffrance… nous l’avons méprisé, compté pour rien. Quelle est donc cette réussite qui réduit le serviteur de Dieu à néant ? 
 
Devant le Christ crucifié, la même question vaut : l’abandon, les railleries, la souffrance, la croix : sont-ce là les signes de la réussite de la mission de Jésus ? Devant la croix, devant tant de douleur, nous pouvons nous interroger : Jésus avait-il raison d’être juste, bon, miséricordieux, proche des hommes, désirant leur vie et leur liberté ? 
 
Le Vendredi Saint n’est qu’un grand paradoxe, je vous l’accorde. Mais comme souvent, pour ne pas dire toujours, les épreuves et les échecs permettent à la vie de grandir. Si nous nous plaçons à l’époque des disciples, ce vendredi est un jour sombre, la fin de l’histoire : nous, nous espérions que c’était lui qui allait délivrer Israël, mais avec tout cela, voici déjà le troisième jour qui passe depuis que c’est arrivé, confesserons deux disciples rentrant chez eux à Emmaüs. Comment ne pas les rejoindre dans leur sentiment d’échec, dans leur perte d’espérance en contemplant la croix dressée ? Que devient la promesse de réussite formulée par Dieu alors que tant d’hommes se sont prononcés contre lui : les chefs des prêtres, les pharisiens et les scribes, Hérode et Pilate, et même la foule : tous l’ont condamné à une mort infâmante, tous ont signé son échec. Même Dieu s’est tu !
 
Pourtant, la première parole de Dieu que la liturgie nous livre, c’est cette promesse de réussite, cette certitude formulée par Dieu lui-même que l’échec n’est pas possible pour celui qu’il envoie. Une vie donnée aux autres ne peut simplement être exclue du monde des hommes. Jamais on a vu Dieu abandonner un de ses serviteurs : pourquoi commencerait-il avec Jésus ? Cette vie crucifiée n’est-elle pas le résultat du service auquel Jésus nous invitait hier soir ? La gloire du service ne s’affirme-t-elle pas justement dans une vie offerte, librement, jusqu’à l’extrême ? Le chemin qui mène du monde des hommes au monde de Dieu, s’il passe par le service de tous, ne suppose-t-il pas une vie totalement donnée, totalement livrée à ceux que l’on sert justement ? Y avait-il une autre issue possible dès lors que le service de tout homme devenait la route à suivre ? Le service des hommes par Dieu lui-même aurait-il été total s’il n’avait pas été jusqu’à la croix ? Sur la croix, Dieu prouve, si besoin était, que rien ne l’empêcherait de servir l’homme pour que celui-ci soit vraiment libre et vraiment vivant. La croix signe l’immense amour de Dieu pour chacun de nous ; elle réaffirme son engagement total en faveur de l’homme. Devant la croix, l’homme ne pourra que proclamer : il nous a servis et aimés jusque-là, jusqu’au don ultime de sa vie. 
 
Oui, cette vie offerte semble bien avoir été une nécessité pour Dieu et pour les hommes. Pour Dieu, parce qu’elle signe son engagement absolu au service des hommes, acceptant même de s’anéantir totalement. Pour les hommes, parce que ce jour ne saurait être le dernier jour de leur histoire. Leur monde ne s’arrête pas de tourner ; leur Dieu n’arrête pas de les aimer, quand même. Mais cela, il leur faudra un peu de temps pour s’en rendre compte. Pour ceux qui croient en Jésus, il n’y a que cette promesse pour ne pas désespérer : mon serviteur réussira ! Devant la croix et la contradiction qu’elle apporte à cette promesse, souvenons-nous de cette autre promesse de Dieu : s’il remet sa vie en sacrifice de réparation, il verra une descendance, il prolongera ses jours : par lui, ce qui plaît au Seigneur réussira. Par suite de ses tourments, il verra la lumière. Amen.  

(Crucifixion, Miniature...., reproduite par Nelda VETTORAZZO, Les principales fêtes chrétiennes, Centro Russia Ecumenica, 2007)

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