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samedi 5 mars 2016

04ème dimanche de Carême C - 06 mars 2016

Acte 4 de la miséricorde : s'ouvrir à la miséricorde de Dieu.




Laissez-vous réconcilier avec Dieu ! Cette invitation résonne comme un cri du cœur dans la deuxième lettre aux Corinthiens. On sent, dans ces mots, toute la tendresse paternelle d’un Paul à l’encontre de ses fils qu’il a engendré à la foi chrétienne. C’est parce qu’il les aime qu’il pousse les Corinthiens à cette acceptation d’une miséricorde offerte par Dieu en Jésus. Et qu’importe si ce cri semble en contradiction avec ce qu’il leur écrit quelques lignes avant, lorsqu’il précise : Dieu nous a réconcilié avec lui par le Christ. En plaçant côte à côte cette affirmation de notre foi et son cri du cœur, Paul souligne toute la tension de la foi chrétienne entre ce qui est déjà donné et ce qui est à accueillir encore. Cette juxtaposition entre ce qui est et ce qui est encore à venir est le signe même de la liberté absolue que Dieu laisse à l’homme. 
 
Nous constatons ceci dans la parabole du fils prodigue que nous a livré l’évangéliste Luc. Voici encore une histoire bien connue de tous. Un père, deux fils, un héritage à partager. Le fils le plus jeune, impatient de vivre sa vie, librement, demande une avance sur héritage. Le père ne semble pas hésiter : le plus jeune dit à son père : ‘Père, donne-moi la part de fortune qui me revient’. Et le père leur partagea ses biens. A peine demandé, sitôt reçu. A peine reçu son bien, le plus jeune s’en va. Il s’en va vivre sa conception de la liberté et de la vie. Et c’est forcément loin de chez son père. C’est bien connu : un homme n’est vraiment libre que s’il se coupe de ceux qui l’aiment. En tout cas, c’est ce qui semble être vrai pour le plus jeune… et pour le plus âgé des fils aussi. Il suffit de relire ce qu’il dit à son père, quand le plus jeune est revenu et que la fête bat son plein. Il y a tant d’année que je suis à ton service sans avoir jamais transgressé tes ordres. Paroles terribles dans la bouche d’un fils. Elles soulignent combien il se sent esclave de ce père, donc pas libre, pas vraiment fils. Peut-être a-t-il tout auprès de son père, mais ce tout lui semble soudain bien lourd, aussi lourd qu’une chaine au cou. Il ne s’est jamais senti libre, ne serait-ce que libre de faire la fête avec ses amis ! Le fils ainé ne se reconnaît pas fils, mais serviteur d’un père qui lui semble soudain indigne. Ce père accueille en fanfare le rejeton qui a dilapidé une part de la fortune, mais lui, l’aîné, le fidèle, qu’a-t-il en retour ? 
 
Nous retrouvons la tension que Paul a déjà souligné aux chrétiens de Corinthe. Cette tension nécessaire entre le déjà là et le pas encore est fondatrice de notre liberté, fondatrice de notre foi. Dieu offre tout à l’homme, y compris une miséricorde infinie, signée par le baiser accueillant le fils prodigue et pécheur. Mais l’homme doit s’ouvrir aux dons que Dieu lui fait. Sinon, ces dons ne sont que des cadeaux même pas déballés, jamais utilisés. Or les dons de Dieu sont des dons pour la vie et le bonheur de l’homme. Le jeune fils doit s’ouvrir à cette miséricorde en laissant son beau discours de côté, en se laissant revêtir du vêtement de la fête, en se laissant redevenir fils par le don de l’anneau familial, en se laissant libérer par le don des sandales, marque de l’homme libre. L’aîné doit accueillir cette miséricorde faite à son jeune frère en se laissant entraîner dans cette fête que, pour l’instant, il refuse. S’il ne franchit pas la porte avec son père, il se fermera à la miséricorde, il se coupera de la famille, il restera esclave de ses mauvais sentiments. La miséricorde du père s’adresse bien à ses deux fils ; elle n’a d’autre but que de montrer à chaque fils combien il est aimé de son père, combien cet amour est plus grand que les frasques du plus jeune et plus grand que la mauvaise compréhension que l’ainé a de sa relation à son père ; il n’est pas un serviteur, mais un fils. Et la miséricorde accordée au plus jeune après une vie de patachon doit lui permettre de se sentir vraiment fils après une vie comprise comme celle d’un serviteur. 
 
S’ouvrir à la miséricorde de Dieu est un défi pour tous : pour ceux qui se reconnaissent grand pécheur devant l’Eternel, et pour ceux qui se croient parfaits devant Dieu et devant les hommes. Il ne suffit pas que Dieu soit miséricordieux envers nous ; il faut encore que nous acceptions cette miséricorde, que nous l’accueillions dans notre vie, et que nous en témoignions auprès de tous. Il nous faut laisser, dans notre vie, un espace à la miséricorde de Dieu pour qu’elle puisse s’exercer et que nous puissions en vivre. Amen.
 
(Dessin de Coolus, Blog du lapin bleu)

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