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samedi 2 avril 2022

5ème dimanche de Carême C - 03 avril 2022

 Faire route avec Jésus pour apprendre le pardon.



(Gustave Doré, Jésus et la femme adultère)


            Nous voici déjà rendu au dernier dimanche du temps de Carême, le prochain étant le dimanche des Rameaux qui nous introduira à la grande Semaine Sainte, ultime préparation aux fêtes pascales. Ce dernier dimanche nous adresse une invitation singulière ; il nous propose de faire route avec Jésus pour apprendre de lui le pardon, vous savez cette chose si difficile à comprendre et à vivre quelquefois. 

            Quand nous croisons Jésus dans l’évangile de Jean aujourd’hui, nous le croisons seul. Il semble bien que ses disciples ne soient pas là. Il était au mont des Oliviers ; il revient au Temple, dès l’aurore, quand pointe le jour. Et c’est là que des scribes et des pharisiens lui amènent une femme qu’on avait surprise en situation d’adultère. Voyez déjà la prévenance de Jésus et la délicatesse dont il fera preuve tout au long de cet épisode singulier. Il ne leur fait pas remarquer la fausseté de leur démarche ; il ne les interroge pas sur l’homme qui manque, car après tout, un adultère, c’est comme une valse : ça se danse à deux jusqu’à preuve du contraire. Il les laisse venir, il les écoute, mais il ne répond pas tout de suite. Il se baisse et du doigt, il écrivait sur la terre. Ne nous mettons pas martel en tête pour savoir ce qu’il a écrit. Si d’aventure la femme l’avait lu, elle a dû le taire. Nous pouvons comprendre que, par cette attitude insolite, Jésus veut d’abord inviter ses opposants à la réflexion. Veulent-ils vraiment une réponse à cette mascarade de justice ? Comment peuvent-ils seulement présenter un dossier aussi mal bouclé que celui-là ? La délicatesse de Jésus leur laisse une occasion de se racheter, de reconnaître que tout ceci ne concerne pas tant cette femme, mais bien Jésus qu’ils veulent mettre à l’épreuve. Mais, comme on persistait à l’interroger, Jésus se redressa et leur dit : ‘Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre ’. Et Jésus de reprendre ses écrits sur la terre. Autant dire, que celle-là, ils ne l’ont pas vu venir, mais ils ont dû la sentir passer puisque, eux, après avoir entendu cela, s’en allaient un par un, en commençant par les plus âgés. Encore cette délicatesse de Jésus qui leur fait comprendre, sans s’énerver, la bonne attitude à avoir. Qui es-tu pour juger sévèrement ton frère ? 

            Quand ils sont tous partis, et qu’il ne reste là que Jésus et la femme, Jésus se redresse et s’adresse à elle : Femme, où sont-ils donc ? Personne ne t’a condamnée ? A la réponse négative de la femme, Jésus reprend : Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus. Remarquez encore la délicatesse de Jésus. Il ne gronde pas la femme en mettant le doigt sur le mal qu’elle a fait et lui rappelant la loi qu’elle a oublié. Il lui dit qu’il n’est pas venu condamner, mais inviter à la conversion : Moi non plus, je ne te condamne pas, va et désormais ne pèche plus. Il ne lui dit pas non plus que ce n’est pas grave, ce qu’elle a fait. Il lui enjoint de ne pas recommencer, autrement dit de bien vivre désormais selon cette loi de Dieu. Il remet finalement de l’amour et de la miséricorde là où il n’y avait plus qu’application rigoriste de la loi. Il remet surtout de la justice, là où il n’y avait qu’injustice. Pourquoi chercher à condamner la femme alors que l’homme, tout aussi coupable, échapperait au jugement ? 

Le pardon, c’est cela : mettre de l’amour et de la miséricorde là où il y a du mal et remettre de la justice là où il y a de l’injustice. Le pardon invite à dépasser la faute, à ne pas identifier le pécheur à son péché. Le pardon invite chacun à se souvenir qu’il n’est pas meilleur que les autres et que s’il veut appliquer la rigueur de la loi aux autres, il devra accepter que cette même rigueur s’applique à lui, qui n’est pas davantage sans péché. Le pardon invite à la conversion : l’appel à ne pas recommencer est indissociable du pardon ; il doit être pris au sérieux si nous ne voulons pas nous moquer de celui qui nous pardonne. Le pardon, c’est tout le contraire de : on efface tout et on recommence. Justement, on ne recommence pas, on change, on devient meilleur. Cela est possible parce que nous ne sommes pas condamnés ; cela est possible parce que le pardon nous libère effectivement de notre mal. Par le pardon reçu, n’étant plus identifié au mal que nous commettons, nous pouvons changer, nous pouvons nous convertir, nous pouvons ne pas recommencer. Nous pouvons vivre mieux ! Le pardon donné rend heureux et celui qui le donne et celui qui le reçoit parce que quelque chose de neuf est possible pour les deux. Celui qui pardonne se libère tout autant du mal qui lui a été fait, qu’il libère celui qui lui a fait du mal. Le premier redevient maître de son histoire en pouvant sortir de sa position de victime ; le second peut se reconstruire en étant sorti de sa position de méchant. Par le pardon, l’agresseur et l’agressé retrouvent leur égale dignité humaine. Peut-être est-ce pour cela qu’il est si difficile à donner : parce que, agressé, nié dans ma dignité humaine, je ne veux pas considérer comme humain celui qui m’a fait tant souffrir. 

La délicatesse de Jésus est toute divine ; le seul Juste refuse de condamner. Le seul Juste offre le pardon qui ne peut venir que de Dieu. Le seul Juste anticipe déjà ce qu’il réalisera par la croix : le salut de l’homme, sa libération de tout mal, la proclamation du pardon accordé par Dieu à ceux qui se convertissent, à ceux qui marchent avec Jésus pour abandonner toute forme de mal. Accueillons cette leçon ; accueillons surtout le pardon qui nous est offert par le Christ. Quand, au cœur de la nuit pascale, le célébrant nous interrogera sur notre volonté de renoncer au Mal, nous pourrons répondre en vérité : J’y renonce. Amen.

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