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vendredi 15 avril 2022

Vendredi Saint - 15 avril 2022

 Faire route avec Jésus jusqu'à la croix.


(Sieger KÖDER, Aux pieds de la croix)



            Durant tout notre Carême, nous avons cherché à faire route avec Jésus, à le suivre là où il voulait nous mener. Et aujourd’hui, voilà que tout semble s’arrêter, de manière cruelle, au pied de la croix. Est-ce pour cela que nous avons suivi Jésus ? Pour le voir pendu à la croix comme un vulgaire criminel ? Si nous prenons le temps de regarder le chemin parcouru, nous y découvrons des indices qui auraient dû nous le faire comprendre. 

            Je veux juste prendre pour exemple l’évangile du deuxième dimanche de Carême qui nous laissait entrevoir, à travers la transfiguration de Jésus, sa gloire éternelle, mais qui nous annonçait aussi son départ qui allait s’accomplir à Jérusalem. A Jérusalem, nous y sommes depuis dimanche ; son départ a lieu aujourd’hui, là, sur le bois de la croix. Il y a un je-ne-sais-quoi de définitif dans cet acte de la crucifixion de Jésus, non parce qu’il signe la mort de Jésus, mais parce que nous sentons bien qu’il y aura désormais un avant et un après. Personne ne tue un innocent sans que cela ne bouleverse la face du monde ! Les adversaires de Jésus ont beau eu préméditer leur crime, cherchant comment pouvoir l’accuser pour s’en débarrasser, il n’en reste pas moins que nous n’étions pas préparé à cela. Et comment comprendre que parmi ceux-là mêmes qu’il avait choisis et appelés, la plupart se sont ou retournés contre lui, ou enfuis loin de lui ? Si les Douze n’ont pas su suivre Jésus jusqu’à la croix, pourquoi y réussirions-nous ? 

            Comme il est difficile de suivre Jésus lorsqu’il marche vers sa mort ! Peut-être est-ce là la raison de la trahison de Judas ? Peut-être qu’il avait compris mieux que les autres quel genre de Messie Jésus voulait être. N’acceptant pas qu’il ne fut que le serviteur souffrant décrit par le prophète, il a voulu le faire réagir, pensant peut-être que devant la perspective de la mort, celui-ci se révélerait ou que Dieu interviendrait. Trahir pour provoquer une réaction qu’il n’espère plus ; trahir pour éviter le pire. Mais Jésus s’est laissé faire ; Judas n’a pas eu la réaction attendue. Jésus a même fait rengainer l’épée tirée trop vite de son fourreau. Ni Judas hier, ni aucun de nous aujourd’hui, ne peut éviter que Jésus réalise sa mission à sa manière. Le projet de salut que Dieu porte pour l’homme se réalisera avec nous et nous y aurons notre part, ou sans nous et nous nous couperons définitivement de la source du salut. 

            Comme il est difficile de suivre Jésus lorsqu’il marche vers sa mort ! Peut-être est-ce là la raison du reniement de Pierre ? Que Jésus veuille mourir, passe encore. Mais qu’il ne m’entraîne pas avec lui. Qu’il me laisse tranquille ; que tous me fichent la paix : Je ne suis pas un de ses disciples. Nous connaissons tous des moments où l’affirmation de notre foi, l’affirmation de notre appartenance à Jésus peut poser difficulté. Nous voudrions alors oublier un instant que nous sommes disciples de Jésus, oublier les exigences à cette dignité. Devant des choix de société, devant des questions éthiques difficiles, dans un monde en perte de repères, nous avons vite fait, pour ne pas passer pour rétrograde, de mettre notre foi en poche, un mouchoir dessus et de rentrer chez nous : non, décidément, je ne suis pas de ses disciples. C’est quand il ne nous reste, après coup, que nos yeux pour pleurer, que nous mesurons pleinement notre lâcheté, notre incapacité à faire confiance à Jésus là où il veut nous emmener avec lui. 

            Comme il est difficile de suivre Jésus lorsqu’il marche vers sa mort ! Pourtant, il y en a qui vont jusqu’au bout. Près de la croix de Jésus, se tenaient sa mère et la sœur de sa mère, Marie, femme de Cléophas, et Marie Madeleine, ainsi que le disciple que Jésus aimait. Ils ne sont peut-être pas nombreux, mais quel soutien pour celui qui est à l’agonie. Savoir que certains l’ont suivi jusqu’au bout, savoir qu’il n’a pas fait tout ce chemin jusqu’à la croix pour rien, cela peut nous sembler dérisoire, mais quiconque a eu à vivre un moment crucifiant, sait combien la présence d’une ou deux personnes à ses côtés, dans l’adversité la plus intense, est importante et rassurante. Certes, ni Marie, ni Jean ne peuvent grand-chose pour Jésus. Et pourtant, leur présence, là près de la croix, permet à Jésus un dernier geste. S’adressant à sa mère, il dit : Femme, voici ton fils. Puis il dit au disciple : Voici ta mère. Celui qui a été abandonné par beaucoup, veille encore sur ceux qui sont restés jusqu’au bout ; il veille à ce qu’ils ne connaissent pas l’abandon à leur tour. Ils les confie les uns aux autres. L’amour envers les hommes dont il avait fait sa marque de fabrique, voilà qu’il l’étend à sa mère et à ce disciple, désespérés, pour qu’ils se réconfortent. S’il convient de reconnaître la naissance de l’Eglise au jour de la Pentecôte par le don de l’Esprit qui envoie les disciples en mission, il convient de reconnaître aussi que la cellule Eglise est conçue là, dans ce don réciproque. L’Eglise sera ce lieu, vivifiée par l’Esprit Saint, où nous nous recevons en frères et sœurs, où nous veillons les uns sur les autres, dans l’amour de ce Fils unique qui nous a aimés jusqu’à la croix. 

            Oui, il est difficile de suivre Jésus jusqu’à la croix ! Mais il n’y a pas d’autre chemin possible. Dans les moments où nous sommes comme Judas, ne nous enfermons pas comme lui dans la trahison : un horizon nous est ouvert par la croix. Dans les moments où nous sommes comme Pierre, entendons le chant du coq qui invite à un nouveau matin. Comme Marie et Jean, recevons de celui qui est en croix l’amour nécessaire pour repartir dans la vie en frères et sœurs de ce Fils unique qui nous aime jusqu’au bout, jusqu’au don total. Amen.

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