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samedi 9 juin 2012

Fête du Corps et du Sang du Christ - 10 juin 2012

L’Eucharistie fait l’Eglise et l’Eglise fait l’Eucharistie.



Toutes les paroles que le Seigneur nous a dites, nous les mettrons en pratique ! Combien de fois Moïse a-t-il entendu le peuple faire cette promesse ? Je n’ai pas compté, cela revient sans cesse ! Combien de fois Moïse a-t-il déchanté ? Je n’ai pas compté, mais quand je sais que l’inconstance du peuple lui a valut de traîner quarante années dans le désert, je me dis que cela fait un paquet de fois. Je ne sais s’il faut plaindre le peuple, Moïse ou Dieu lui-même. Mais je sais que je ne suis pas différent d’eux. Et vous non plus ! Nous sommes de ce peuple que Dieu s’est donné, nous sommes de ce peuple que Dieu a libéré, nous sommes de ce peuple qui a reçu la Loi de Dieu, nous sommes de ce peuple qui dit sans cesse : Toutes les paroles que le Seigneur nous a dites, nous les mettrons en pratique ! Chrétiens d’aujourd’hui, nous ne sommes pas différents de ce peuple d’hier, sauvé par Dieu, en route vers la terre promise. Notre terre promise, c’est le Royaume où Dieu nous attend. La loi qu’il nous a donnée, c’est le Christ, parole vivante du Père que nous devons suivre pour parvenir où Dieu nous attend.

Ces paroles que Dieu nous dit en Jésus sont renforcées par cet autre don qu’il nous fait, toujours en Jésus : le don de l’Eucharistie, le don du Corps et du Sang du Christ devenu nourriture de salut éternel pour nous. C’est ce don que nous célébrons aujourd’hui. Vous me direz : nous le célébrions déjà au soir du jeudi saint. Cela est vrai ; mais le jeudi saint nous recevions ce don pour la première fois. Nous l’accueillions alors comme la promesse du salut et le signe de la permanente présence de Jésus, Christ et Seigneur, au milieu de nous. Aujourd’hui, nous sommes invités à accueillir ce don, forts de toute l’expérience pascale, forts de notre libération du mal et du péché : et nous sommes comme provoqués à oser dire publiquement ce que ce don reçu jadis, au soir du Jeudi Saint, réalise en nous et comment ce don, enrichi de la grâce pascale, nous fait bien vivre.

La fête du Corps et du Sang du Christ n’est pas une fête eucharistique de plus ; elle est LA fête qui me permet de comprendre en quoi ce don est vital pour moi. Un ancien le disait : l’Eucharistie fait l’Eglise et l’Eglise fait l’Eucharistie. Il y a un lien unique entre nous, communauté rassemblée, convoquée par Dieu, et ce sacrement de la présence réelle du Christ. L’Eucharistie fait l’Eglise parce que c’est bien ce don qui construit petit à petit le corps unique du Christ rassemblé pour la louange de Dieu. Si l’Eucharistie n’est plus célébrée, l’Eglise disparaît. D’où l’importance, à l’heure où les communautés de paroisses sont établies, à inviter à des eucharisties communes, plusieurs fois par an. Car j’ai la conviction profonde que si les paroisses appelées à faire communauté ne célèbrent pas ensemble, elles ne grandiront pas ensemble, elles ne se construiront pas de conscience commune. Seule l’Eucharistie, célébrée avec respect et amour, peut réaliser ce que les cœurs et les esprits ne veulent quelquefois pas admettre : Dieu les convoque à vivre désormais ensemble. Il est quand même révélateur que ceux qui justement refusent la communauté de paroisses soient ceux-là même que nous ne voyons jamais dans les rassemblements communs. L’Eucharistie fait l’Eglise, et s’éloigner de la table eucharistique de chez nous, c’est s’éloigner de l’Eglise de chez nous. Certes je peux célébrer ailleurs, mais alors je fais communauté ailleurs et je laisse la communauté que j’ai abandonnée vivre sa vie, sans m’en mêler davantage.

Si l’Eucharistie fait l’Eglise, l’Eglise fait l’Eucharistie. C’est à elle que le Christ a confié ce trésor qui nous garantit sa présence. Je ne fais pas l’Eucharistie dans mon coin, même si je suis prêtre. Je la fais nécessairement en Eglise, c’est-à-dire en communion avec elle et avec les ministres qu’elle se donne, qu’elle nous donne, pour présider à ce sacrement. Si je ne suis pas en communion avec elle, avec ceux qui succèdent aux Apôtres, si je ne suis pas davantage en communion avec les frères et sœurs qui la célèbrent avec moi, je m’abstiens alors de communier. Car lorsque je communie, je ne suis pas seulement en communion avec mon doux Jésus, mais avec tous ceux et toutes celles qu’il a appelés en Eglise avec moi. Je ne peux réellement faire l’Eucharistie que si je suis de cette Eglise, sainte parce qu’appelée et fondée par le Christ, mais pécheresse parce que composée d’humains, faillibles comme moi. L’Eglise fait l’Eucharistie parce qu’il lui revient de rendre le Christ présent au monde de notre temps. Si chaque membre de l’Eglise n’annonce plus le Christ, si chaque membre de l’Eglise estime qu’il ne lui est pas ou plus nécessaire de répondre favorablement à la convocation du dimanche, comment l’Eglise continuera-t-elle de faire l’Eucharistie ? Si chaque membre de l’Eglise ne se sent pas concerné par la vie de ses prêtres, comment l’Eglise continuera-t-elle à faire l’Eucharistie ? Si chaque membre de l’Eglise ne se sent pas concerné par les vocations, comment l’Eglise continuera-t-elle de faire l’Eucharistie ? Il est quand même révélateur que ceux qui ne communient jamais soient ceux-là même qui jamais ne s’investissent dans la vie d’une communauté, même si un membre de leur famille est concerné ! L’Eglise fait l’Eucharistie, et ne pas prendre sa place, même modeste et humble dans la communauté, conduit souvent, lentement mais sûrement, à s’éloigner de la table eucharistique.

La fête du Corps et du Sang du Christ devrait nous inciter à réfléchir à notre sens de l’Eglise. Y a-t-il meilleur jour que celui-là pour évaluer ce que nous vivons et pour nous demander ce que nous voulons vivre encore ? Y a-t-il meilleur jour que celui-là pour que chacun réfléchisse à ce qu’il veut faire de son appartenance à l’Eglise ? Y a-t-il meilleur jour que celui-là pour que chacun s’interroge sur sa participation à l’Eucharistie comme un signe de sa participation à une communauté ? Y a-t-il meilleur jour que celui-là pour que chacun s’interroge sur sa participation à la vie de la communauté comme signe d’une vie véritablement eucharistique ? Je ne crois pas. C’est aujourd’hui ou jamais que, dans votre cœur, doit se renforcer le sentiment d’appartenir à une même communauté de destin. C’est aujourd’hui ou jamais que vous devez accepter de faire encore Eglise pour faire toujours l’Eucharistie en vérité. Amen.


(Dessin de Jean-François KIEFFER, Mille images d'Eglise, éd. Les Presses d'Ile de France)

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