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dimanche 16 septembre 2018

24ème dimanche ordinaire B - 16 septembre 2018

N'allons pas trop vite en besogne !






Il faut avoir une vue d’ensemble sur l’Evangile de Marc pour comprendre à quel point le passage d’évangile que nous venons d’entendre est singulier et important. En fait, il est le moment clé de l’œuvre de Marc, celui vers qui tend toute la première partie et qui déclenche la seconde. Et nous sommes mis en demeure, tout comme les disciples aujourd’hui, de dire ce que nous avons compris de Jésus, à ce moment précis de l’histoire, et invités à entendre ce que Jésus dit de lui et de son avenir. 

Si, en rentrant chez vous, vous prenez votre bible et parcourez l’évangile de Marc en entier, vous verrez que tous les signes que Jésus a posés jusque là devaient permettre à Pierre de faire sa profession de foi : Tu es le Christ. Et si vous vous souvenez du début de l’Evangile de Marc, vous comprendrez que cette affirmation de Pierre reprend l’affirmation de l’évangéliste faite dans le titre même de son œuvre : Commencement de l’Evangile de Jésus, Christ, Fils de Dieu. En fait, comme dans l’excellente série Columbo, nous savons tout dès le début. Marc dit clairement qui est ce Jésus dont va parler son œuvre, comme un épisode de Columbo commence toujours par nous montrer le meurtrier. Le but des épisodes de la série policière est le même que le but de Marc dans son évangile : faire comprendre à celui qui regarde ou qui lit, comment on arrive à découvrir par l’expérience, par la déduction, ce qui est évident dès le départ. Dans la série policière, nous relevons avec l’inspecteur à l’imperméable tous les indices qui vont finir par pointer du doigt le coupable, comme dans l’Evangile, nous découvrons avec les Apôtres tous les indices qui vont mener Pierre à affirmer : Tu es le Christ dans un premier temps, avant de nous le faire comprendre totalement au pied de la croix et de pouvoir l’affirmer avec le centurion romain : Vraiment, celui-ci était Fils de Dieu !  

Les mots de Pierre ne lui viennent pas à la bouche par hasard. Ils s’imposent à lui, après tout ce qu’il a vu et entendu. Et c’est normal, parce que tout l’évangile de Marc tourne autour de cette question : Qui est Jésus ? En lisant cet évangile, le lecteur est provoqué par cette question à chaque page. Et chaque fois que quelqu’un (même les démons) éclaire la réponse à la question, Jésus ordonne le silence. Et nous comprenons aujourd’hui pourquoi ce silence est imposé : parce qu’il n’est pas encore temps de révéler qui est Jésus. La réponse véritable ne peut pas jaillir après un enseignement, ni même après un miracle de Jésus. La réponse véritable ne peut jaillir qu’à la fin de sa vie, au pied de la croix. Observez ce qui se passe dans l’épisode de ce dimanche : Pierre proclame que Jésus est le Christ ; et il a raison. Mais quand Jésus annonce pour la première fois sa Passion, Pierre se mit à lui faire de vifs reproches. Il n’est pas possible pour lui que le Christ, l’Envoyé de Dieu, souffrît la Passion ! C’est totalement hors de propos ! Sa réaction est naturelle. Il n’a pas compris l’ordre de se taire que Jésus a donné sitôt sa profession de foi posée. Ce que Pierre a affirmé, personne ne peut le comprendre de manière juste à ce moment précis de l’histoire. Et nous ne devons pas, dans un premier temps, lire cette page autrement que comme un premier lecteur qui ne connaît rien à Jésus, ni comprendre plus que ce qu’à compris Pierre à l’époque. Pour bien méditer cette page, il nous faut oublier, durant le temps de compréhension du texte, que nous connaissons la fin de l’histoire de Jésus. Marc nous invite à avancer avec les Douze dans la découverte de Jésus.  

Si nous allons trop vite, nous ne pourrons pas saisir vraiment ce que Jésus dit quand il commence à enseigner qu’il fallait que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, qu’il soit tué, et que trois jours après, il ressuscite. Nous le savons parce que nous vivons après Pâques. Mais pour quelqu’un qui commence à découvrir qui est Jésus, pour quelqu’un pour qui Pâques ne représente encore rien, les affirmations de Jésus, à ce moment précis de l’histoire, sont d’une violence et d’une nouveauté inouïe ! Qui peut sincèrement imaginer à ce moment-là que celui qui a fait tant de bien, posé tant de miracles et parle aussi bien de Dieu, qui peut raisonnablement penser qu’il sera mis à mort à cause de cela par ses adversaires ? Qu’il ait des adversaires, c’est une chose : tout homme qui a quelques idées a forcément contre lui ceux qui ont les mêmes mais n’ont pas osé les exprimer, plus ceux qui ont les idées contraires et se sentent mis en danger, sans compter l’immense majorité de ceux qui sont sans opinion et se laissent retourner par celui qui crie le plus fort. Mais de là à se faire tuer, quand même ! Nous vivons dans un monde civilisé, c’est bien connu. En annonçant pour la première fois sa Passion, Jésus vient nous dire qu’il y a un horizon plus grand que les miracles qu’il pose et l’enseignement qu’il donne. Tout cela doit nous mener à accompagner Jésus jusqu’au bout, jusqu’à la croix, parce que c’est là, et seulement là, que tout prendra sens. Il nous faut accepter la violence des mots de Jésus et accepter humblement de le suivre pour ne pas faire de lui le gourou d’un groupe religieux de plus. Si nous voulons vraiment reconnaître en lui le Sauveur du monde, il nous faudra, comme Pierre et ses compagnons, entrer dans les pensées de Dieu, et non rester dans celles des hommes. 

La moitié du chemin est faite puisque nous sommes au point de bascule : nous avons les premiers éléments pour comprendre que Jésus est du côté de Dieu, entièrement, définitivement. Avec Pierre, nous pouvons affirmer au sujet de Jésus qu’il est le Christ. Il nous faut maintenant entrer dans la compréhension de notre affirmation, et nous ne pourrons pas le faire si nous refusons que Dieu ouvre nos oreilles ; nous ne pourrons pas le faire si nous gardons Jésus à hauteur d’homme. Il nous faut accepter toutes les conséquences de notre affirmation et suivre Jésus là où Dieu lui-même le conduit, même si nous ne comprenons pas tout. Ce n’est pas le moment de philosopher sur Jésus ; c’est le moment de le suivre encore, dans la confiance et l’humilité, sûrs que nous n’avons pas encore tout compris et que Dieu lui-même a encore beaucoup de choses à nous apprendre sur son dessein de salut. Amen.

(Dessin de M. Leiterer)

 

 

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