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dimanche 16 février 2020

6ème dimanche ordinaire A - 16 février 2020

Vous avez appris… Eh bien, moi, je vous dis...




            Je reconnais qu’il y a des jours où Jésus ne nous simplifie pas la tâche. Croire en Dieu n’est déjà pas évident en soi, mais quand Jésus semble venir tout compliquer, rien ne va plus. Habituellement, les prédicateurs vont s’évertuer à démontrer que, depuis que Jésus est venu, tout est plus simple. Les trop nombreux commandements de la Loi juive, il les réduit au double commandement de l’amour : aime Dieu, aime ton frère. Non seulement, il simplifie la Loi, mais en plus il la rend parfaite. Saint Augustin ne dira-t-il pas plus tard : Aime et fais ce que tu veux ? Mais alors que faire de l’Evangile de ce dimanche ? Il ne simplifie pas vraiment les choses ; il semble même durcir la Loi.



            Pour commencer, Jésus nous rappelle non seulement qu’il n’enlèvera rien à la Loi (pas un seul iota, pas un seul trait ne disparaîtra de la Loi), mais il nous dit encore que celui qui rejettera un seul de ces plus petits commandements, et qui enseignera aux hommes à faire ainsi, sera déclaré le plus petit dans le royaume des Cieux. (Qui aime le jambon ou une bonne grosse tranche de lard, salé ou fumé, dans la une bonne choucroute ? Pourtant la loi dit : tu ne mangeras pas de porc ! Serons-nous donc tous les plus petits dans le royaume ?) Les spécialistes du Nouveau Testament nous diront alors que l’Evangile de Matthieu que nous lisons a été écrit pour des chrétiens originaires du judaïsme, et qu’en faisant ainsi relire la Loi par Jésus, Matthieu veut le situer dans la ligne de Moïse, celui par qui Dieu a donné la Loi à son peuple. Il en fait un nouveau Moïse qui pousse la Loi dans ses retranchements et l’accomplit parfaitement. Ils ont sans doute raison, mais pour nous, ça change quoi ? (ça change quoi pour notre lard ?) Peut-être juste que nous pouvons faire confiance à Jésus, que nous devons lui faire confiance et l’écouter quand il parle de la Loi et des Prophètes. C’est justement là que les choses se corsent.



            S’il a bien commencé par dire qu’il n’est pas venu abolir mais accomplir la Loi et les Prophètes, il continue en durcissant la Loi. Vous avez appris qu’il a été dit… Eh bien ! moi, je vous dis… Sa relecture est effrayante. La colère d’un homme est mise sur le même plan que le meurtre ; le fait de regarder une femme avec convoitise sur le même plan que l’adultère (ça marche aussi avec les hommes, au passage. Je le rappelle par souci d’équité et de parité) ; interdiction totale de faire de serments, ni par Dieu, ni par les hommes. En fait, à y regarder de près, ce que fait Jésus, c’est de dire que les regards et les paroles peuvent être aussi mauvais que les actes, et qu’il vaut donc mieux s’abstenir de paroles ou de regards mauvais, s’abstenir de regards et de paroles qui pourraient conduire au Mal. S’il durcit effectivement la Loi, il l’accomplit et nous permet de l’accomplir en nous montrant une autre voie : si tu ne veux pas tuer, ne commence même pas par te mettre en colère ; si tu ne veux pas commettre d’adultère, ne commence même pas par regarder quelqu’un avec envie ; si tu ne veux pas manquer à tes serments, n’en fais tout simplement pas. C’est renversant de simplicité. Et c’est là qu’il nous faut alors réentendre la dernière parole de Jésus dans l’Evangile de ce dimanche.



Que votre parole soit ‘oui’, si c’est ‘oui’, ‘non’, si c’est ‘non’. Ce qui est en plus vient du Mauvais. Il nous donne ici une clé pour vivre mieux nos rapports humains. Qui n’a jamais dit à quelqu’un : ce que tu as fait c’est bien ; ou alors tu es quelqu’un de bien ; et qui fait suivre l’affirmation d’un « mais » assassin. Ce que tu as fait, c’est bien, mais tu aurais pu… Tu es quelqu’un de bien, mais si tu changeais ceci… Ce qui fait dire que tout ce qui est avant le ‘mais’ n’est que du vent, une manière d’endormir l’autre pour être encore plus méchant avec lui après le fameux ‘mais’. Jésus dit : Oui, c’est oui, non, c’est non. Tout ce qui est en plus (ce qui vient avec le ‘mais’), vient du Mauvais.  Ça rend les rapports humains sans doute plus clairs, mais est-ce que cela nous simplifie les choses ? Nous aimons bien envelopper, enrober, contourner. (On a même inventé un mot pour cela : le politiquement correct : vous ne pouvez pas dire les choses, même vraies, parce que cela pourrait froisser quelqu’un). Jésus nous dit : soit franc, soit honnête, tout le temps. Que ta parole soit une et unique, comme la parole de Dieu lui-même puisque tu as en commun avec lui cette capacité. Que ta parole, comme la Parole de Dieu, ait du poids ; qu’elle ait du sens, un sens unique.



            Quand l’explication va jusque-là, nous nous rendons compte que l’enseignement de Jésus est cohérent et qu’il simplifie effectivement les choses en poussant la logique de la Loi jusqu’au bout. Ne fais pas de Mal, ni en actes, ni en paroles, ni en pensées. Supprime toute occasion de faire le Mal, de dire du Mal, de penser du Mal. En écoutant l’enseignement de Jésus après celui de Ben Sirac le Sage, nous comprenons que résister au Mal ou faire le Mal, c’est exercer notre liberté. Si tu le veux, disait Ben Sirac. Jésus dit : si tu ne veux pas faire le Mal, ne le pense pas, ne le formalise même pas par la parole. Tout ce que tu mets après ton oui ou ton non, c’est déjà le Mal qui s’insinue en toi. Nous savons que cet enseignement est juste et bon, puisque Jésus l’a signé par sa mort en croix.  Soyons tout au Christ, qui est tout à Dieu ; nous n’aurons, comme lui, qu’une parole et nous vivrons mieux. Amen.









  

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