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samedi 4 décembre 2021

2ème dimanche de l'Avent C - 05 décembre 2021

 En ces temps troublés, recevons de Baruc une espérance renouvelée.





Lire les prophètes, pour un chrétien, est un exercice toujours difficile. Nous avons tellement l’habitude de les considérer comme des voyants annonçant le futur, plus exactement la venue de Jésus, que nous en oublions qu’ils ont été appelés par Dieu à une époque donnée pour dire sa Parole à un peuple donné. Les prophètes, au moment de leur ministère, n’annoncent pas Jésus. Même Jean le Baptiste ; il annonce la venue de quelqu’un qui viendra après lui, mais il n’identifiera ce quelqu’un avec Jésus que lorsque Jésus viendra à lui pour se faire baptiser. Ce n’est pas mal de faire une relecture chrétienne des prophètes, mais pour bien comprendre leur message, il vaut mieux d’abord nous plonger dans l’époque à laquelle ils ont vécu.

Ainsi en est-il du prophète Baruc. Secrétaire du prophète Jérémie, il écrit un livre à destination des Juifs de la Diaspora. Jérusalem, la cité de Dieu, a été détruite. Le peuple juif est dispersé. Il y a ceux qui ont fui en Egypte par exemple, et surtout l’immense majorité qui a été déportée à Babylone. C’est la catastrophe absolue, Israël n’ayant plus rien de tout ce que Dieu avait donné : plus de terre, plus de Loi, plus de roi. Ce n’est pas le grand remplacement qu’Israël a vécu mais le grand anéantissement. Quand il ne reste rien, comment espérer encore ? quand il ne reste rien, pourquoi croire encore ? Les prophètes qui vont accompagner le peuple en exil, comme ceux qui accompagnent les réfugiés dans d’autres nations, vont relire l’histoire d’Israël, rappeler la promesse de Dieu, annoncer l’espérance d’un retour. Baruc le fait dans ce magnifique passage entendu, dans lequel il s’adresse à la ville détruite de Jérusalem comme à une personne vivante : Jérusalem, quitte ta robe de tristesse et de misère, et revêts la parure de la gloire de Dieu pour toujours, enveloppe-toi dans le manteau de la justice de Dieu, mets sur ta tête le diadème de la gloire de l’Eternel. Revêtue de Dieu, la ville retrouvera sa splendeur première. Ce qui est remarquable dans ce passage, c’est que Jérusalem n’est pour rien dans ce retour de ses enfants. Si elle fut la cause de sa chute, s’étant tournée vers d’autres dieux, son relèvement sera l’œuvre de Dieu seul. C’est la miséricorde de Dieu et sa justice qui valent à la ville sa restauration. Alors que l’on avait pu croire que Dieu s’était détourné de son peuple et qu’il l’avait abandonné, voilà qu’est réaffirmé le projet de salut, le projet de bonheur que Dieu porte pour son peuple depuis les origines. C’est Dieu qui est à la manœuvre : Tu les avais vus partir à pied, emmenés par les ennemis, et Dieu te les ramène, portés en triomphe, comme sur un trône royal. C’est bien ce qui sera réalisé avec l’avènement du roi Cyrus, le Perse, qui libèrera les peuples opprimés par Babylone. 

En relisant ainsi le prophète dans son contexte, comment ne pas y voir un signe pour notre Eglise, qui vit comme en exil d’elle-même depuis la publication du rapport de la CIASE et les nombreux soubresauts que ce rapport a entraîné. Des chrétiens ont quitté l’Eglise ; parmi ceux qui sont restés, il y a un malaise certain et normal. Pour une part, c’est le grand anéantissement de l’Eglise telle qu’elle s’était imaginée. Comme le peuple d’Israël au temps de l’Exil, elle doit retrouver sa fidélité au Dieu unique et vrai. Comme le peuple d’Israël au temps de l’Exil, elle doit remettre la Parole de Dieu et le souci des petits au cœur de sa vie. Comme Israël avant l’Exil, elle n’a pas su lire les signes avant-coureurs de la catastrophe. La relecture des prophètes nous permet alors de comprendre que ce qui était vrai jadis, reste vrai aujourd’hui encore. Si le péché du peuple de la Première Alliance, péché qui a entraîné la chute de Jérusalem, a été pardonné par Dieu, le péché de l’Eglise le sera aussi. Le temps appartient désormais à Dieu ; il décidera quand sera venu le temps de la Rédemption, quand sera venu le temps d’abaisser à nouveau les hautes montagnes et les collines éternelles que notre péché a élevé. Si nous ne savons pas quand cela arrivera, nous pouvons toutefois conserver cette espérance : Dieu n’abandonne jamais son peuple, et si la période actuelle peut nous sembler lourde et cruelle, n’oublions pas celles et ceux pour qui l’Eglise a été lourde et cruelle. La miséricorde de Dieu et sa justice doivent désormais passer. Nous devons retrouver, non pas la splendeur de l’Eglise, mais la splendeur de la Gloire de Dieu. Quand nous aurons remis Dieu et sa Parole au cœur de la vie de l’Eglise, quand le souci de Dieu passera avant le souci de l’Eglise, alors il pourra aplanir la terre pour que nous y cheminions en sécurité dans la gloire de Dieu.

En ces temps troublés, recevons de Baruc une espérance renouvelée pour notre temps. En écho, recevons de Jean le Baptiste l’appel à nous mettre au travail, à préparer le chemin du Seigneur. Car Dieu l’a promis : tout ravin sera comblé, toute montagne et toute colline seront abaissées ; les passages tortueux deviendront droits, les chemins rocailleux seront aplanis ; et tout être vivant verra le salut de Dieu.  C’est une promesse éternelle de Dieu ; c’est une promesse plus que jamais d’actualité pour nous. Amen.

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