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mardi 4 mars 2014

Mercredi des Cendres - 05 mars 2014

Un carême pour redécouvrir notre baptême.


« Si vous voulez vivre comme des justes, évitez d’agir en présence des hommes pour vous faire remarquer.»  C’est bien ce désir de vivre comme Dieu nous le demande, ce désir d’être juste devant lui, qui va conditionner notre marche vers Pâques, notre chemin de carême. C’est ce désir de vivre selon le mode de Dieu qui fait de nous des chrétiens, fiers de leur baptême. C’est ce désir de vivre en Dieu, pour Dieu, avec Dieu pour un meilleur service du monde et de l’Eglise, qui nous pousse à nous interroger tout au long des quarante jours à venir sur la pertinence et le sérieux du baptême que nous avons reçu. Je voudrais avec vous et pour vous méditer ce texte d’évangile que nous venons d’entendre. Il sera notre guide et notre mesure pour ce temps de Carême.
 
« Si vous voulez vivre comme des justes, évitez d’agir en présence des hommes pour vous faire remarquer. Ainsi, quand tu fais l’aumône… » Première piste de travail pour notre carême : vivre avec justesse nos gestes de partage et de solidarité. « Lorsque tu fais l’aumône, que ta main gauche ignore ce que donne ta main droite ».  L’aumône, la solidarité (sous son appellation moderne) exigent le secret, la discrétion, nécessaires au respect de celui qui reçoit. Il y a bel et bien une manière perverse d’être solidaire : celle qui met le donateur au centre du don et non plus celui qui en est bénéficiaire. L’aumône, la solidarité ne doivent pas glorifier celui qui donne. Donne-t-on pour être reconnu, louangé, acclamé ? Ou donne-t-on pour soulager, pour aider, pour relever ?
Au jour de notre baptême, le prêtre, nous marquant de l’huile sainte, nous rappelait que nous participions à la dignité royale du Christ. Exercer avec justesse et discrétion notre charité nous fait mettre en œuvre cette dignité, car nous veillons, comme Dieu veille, à ce que chacun ait le nécessaire pour vivre. Exerçons cette dignité royale avec la même discrétion que le Christ. Quand il nourrit les foules, soigne les malades, relève les morts, ce n’est pas pour se faire mousser, mais pour que la gloire de Dieu soit manifestée aux hommes.

« Si vous voulez vivre comme des justes, évitez d’agir en présence des hommes pour vous faire remarquer. Ainsi, quand tu pries… » Y a-t-il œuvre plus grande que la prière pour dire à Dieu notre désir de vivre avec lui et pour lui ? La prière est au croyant ce que la nourriture est au gourmand : un moment de pur plaisir, à vivre seul ou à partager. En relisant l’invitation du Christ à se retirer dans la chambre pour cet acte d’intimité avec Dieu qu’est la prière, il est bon de s’interroger aussi sur notre pratique. De quelle chambre Jésus parle-t-il ? Parle-t-il uniquement de notre maison, discréditant ainsi la prière communautaire ? Que faire alors de cette autre parole du Christ : « Là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux » ?
Ce qui est visé par Jésus dans ce passage, c’est une manière perverse de prier, seul ou à plusieurs, qui nous met au centre de la prière, oubliant que la prière s’adresse avant tout à Dieu. Souvenez-vous de la parabole du pharisien et du publicain qui montent au Temple pour prier. Alors que l’un ne chante que ses louanges, l’autre se tourne vers Dieu, reconnaît sa petitesse et demande l’aide de Dieu. C’est ce dernier, nous dit Jésus, qui est justifié (rendu juste !). Se retirer dans la chambre, ce n’est pas s’interdire toute pratique publique de sa foi, mais bien se retirer dans la chambre de son cœur pour s’ouvrir vraiment à Dieu. Que ce soit seul ou en communauté, nous pouvons nous croire en prière et ne nous préoccuper finalement que de nous, oubliant Dieu et sa Parole. Dans la manifestation publique de la prière (messe ou célébration diverses), se retirer dans sa chambre, c’est remplir son office avec un véritable esprit de service, sans chercher à se faire remarquer par ceux à qui le service est rendu. Cela est vrai des prêtres, des lecteurs, des choristes, des servants, des sacristains, des organistes, des fleuristes et mais aussi de chaque participant au temps commun. Nous venons à plusieurs pour ne faire qu’un devant Dieu. Nous participons tous à la même action liturgique, faisant de notre prière à plusieurs voix la prière d’un seul cœur : celui de la communauté des croyants qui se tournent, unis bien que diversifiés, vers son unique Seigneur.
Au jour de notre baptême, le prêtre, nous marquant de l’huile sainte, nous rappelait que nous participions à la dignité sacerdotale du Christ. Nous l’exerçons individuellement lorsque nous prenons le risque de la prière quotidienne pour que Dieu vienne transformer nos vies par son Esprit Saint. Nous l’exerçons collectivement lorsque, avec les autres croyants, nous voulons nous souvenir que tous, nous ne faisons qu’un en Christ, et que nous participons ainsi à sa prière, toujours entendue et exaucée par le Père du ciel. Exerçons cette dignité avec le même empressement que le Christ, lui qui ne faisait rien d’important dans sa vie sans s’en ouvrir à Dieu dans la prière. Comment pourrions vivre comme des justes aux yeux de Dieu si nous ne prenons jamais le temps de l’écouter nous dire ce qu’il attend de nous, sans jamais surtout l’écouter nous dire ce qu’il réalise pour nous ?

« Si vous voulez vivre comme des justes, évitez d’agir en présence des hommes pour vous faire remarquer. Ainsi, quand tu jeûne… » Ah, la belle histoire que voilà. Il fallait bien, n’est-ce pas, au début du carême, que je vous parle des privations nécessaires. Tous les ans, c’est la même chose ! Peut-être, mais il ne tient qu’à nous que cette année, cela soit différent. Et qu’est-ce qui pourrait être différent sinon l’esprit dans lequel nous vivons ces privations ? Quoi jeûner ? Ce que vous voulez, mais de préférence quelque chose qui n’apporte ni joie, ni bien être aux autres ! Ainsi mon jeûne permettra à d’autres aussi de se sentir mieux. Régulièrement, il est proposé à des familles de vivre un temps plus ou moins long sans télé. Le journal La Croix avait même proposé, il y a quelques années de cela, de vivre sans télé pendant un mois complet. Les conclusions de l’expérience étaient intéressantes. Peu de gens pensaient tenir aussi longtemps au départ ; mais tous, à l’arrivée, notaient le bienfait apporté : plus de relation familiale, des parents qui jouent avec leurs enfants, la redécouverte du silence, la joie de regarder un programme ensemble lorsque cela était autorisé (1 fois pendant le mois). Bref, un jeûne qui procure de la joie parce qu’il a rendu libre des gens qui ne se voyaient pas vivre sans la boite à images. Pourquoi jeûner ? Pour être libre, pour être maître de ses choix. Une contrainte pour plus de liberté. Une contrainte pour plus d’humanité. Une contrainte pour un mieux être. Au début, nous ne voyons pas bien comment c’est possible, mais à l’arrivée, nous re-découvrons le vivre ensemble. Voilà ce qui nous est demandé ; voilà ce qui nous est promis.
Au jour de notre baptême, le prêtre, nous marquant de l’huile sainte, nous rappelait que nous participions à la dignité prophétique du Christ. Nous l’exerçons chaque fois que nous inventons de nouveaux modes de vivre ensemble qui donnent à chacun une place. Nous l’exerçons lorsque, par notre jeûne, nous disons que nous ne voulons pas vivre enchaînés par des modes, par un désir de consommation à outrance. Il y a de la vie au-delà des réflexes publicitaires ; il y a de la vie, et même plus de vie, là où les hommes sont avant d’être des hommes qui ont. Il y a de la vie  et plus de vie possible, là où nous acceptons de nous libérer du superflu pour retrouver l’essentiel. 
 
Que ces quarante jours nous ouvrent un horizon nouveau. Qu’ils nous permettent une redécouverte de la vie baptismale – vie royale, sacerdotale et prophétique. Que nous retrouvions le goût des autres, le désir de Dieu et le plaisir de vivre. Joyeux carême à nous tous !

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