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samedi 6 février 2016

05ème dimanche ordinaire C - 07 février 2016

Quand Dieu appelle...





Dans un entretien accordé à l’hebdomadaire l’Obs du 04 février 2016 (page 36), la ministre de l’Education nationale réaffirme son engagement contre la ‘prégnance du sentiment religieux parmi les élèves’ et ‘les crispations identitaires’. Si je condamne fortement toute crispation identitaire, car dangereuse et pour la société et pour la foi, je ne suis pas bien sûr que le fait que les élèves soient imprégnés du sentiment religieux soit à combattre. Bien au contraire, je pense qu’il vaut mieux éduquer ce sentiment pour qu’il ne se transforme pas en réflexe identitaire, signe toujours néfaste d’un repli sur soi et du rejet de l’autre. Les lectures que la liturgie nous propose en ce dimanche nous montrent justement ce qui se passe quand Dieu appelle l’homme, c’est-à-dire quand le sentiment religieux imprègne l’homme et qu’il choisit de marcher avec son Dieu. 
 
Quand Dieu appelle, nous voyons d’abord qu’il laisse l’homme libre. Après avoir manifesté sa grandeur à Isaïe, ainsi que sa miséricorde (il lui pardonne son péché), il ne dit pas à Isaïe : Va, je t’envoie, mais il interroge : Qui enverrai-je ? L’appel de Dieu suscite certes la réponse d’Isaïe, mais un espace de liberté est laissé à celui-ci. La réponse de l’homme doit jaillir d’elle-même, libre et volontaire : Me voici : envoie-moi ! Nul ne marche avec Dieu en y étant forcé ; nul ne devient prophète sur ordre ; nul ne devient apôtre s’il n’y consent. Le sentiment religieux est le signe d’une liberté absolue. Cette liberté, inscrite sur les frontons de nos édifices publics, nous vient de Dieu, nous est garantie par Dieu. J’ose l’affirmer : seul celui qui marche avec Dieu est véritablement libre. Une République qui affiche la liberté comme une de ses valeurs ne peut pas combattre en même temps cette liberté fondamentale que possède l’homme de marcher avec son Dieu. Ou alors sa liberté est une liberté étriquée, réduite et réductrice. 
 
Quand Dieu appelle, il transforme la vie de l’homme, il la rend meilleure. Paul le reconnaît, lui l’avorton devenu Apôtre des nations. C’est bien par la présence de Dieu en lui qu’il devient celui que nous connaissons aujourd’hui. C’est bien parce qu’il était imprégné de Dieu et de sa Parole qu’il a su l’expliquer aux hommes et en livrer toute la force. Il a rappelé combien cette Parole était une parole de liberté, une parole de vie, une parole qui rapprochait les hommes jusqu’à les rendre égaux. C’est bien Paul qui a écrit, plus d’une fois, qu’en Christ, il n’y a plus juif ou païen, homme ou femme, esclave ou homme libre, mais une humanité réconciliée, unifiée, d’égale dignité. Il est, 18 siècles avant la République, le chantre de l’égalité, inscrite sur les frontons de nos édifices publics. Comment peut-on affirmer que la prégnance du sentiment religieux en nous est une chose mauvaise contre laquelle une ministre de la République doit s’engager, alors même que notre sentiment religieux nous offre une égalité telle que, par notre baptême, nous devenons l’égal du Christ, et par le Christ l’égal de Dieu même ? Je ne veux pas d’une égalité qui fasse des hommes moins que ce qu’ils sont appelés à être en vérité : des hommes à la taille de Dieu. 
 
Quand Dieu appelle, il envoie vers les autres pour que tous les hommes puissent découvrir et vivre cette liberté et cette égalité que Dieu offre gratuitement. Pierre l’apprend du Christ lui-même : Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras. Cette parole signe le miracle qui vient de s’opérer. Après une nuit de pêche infructueuse, sur l’ordre de Jésus, Pierre jette à nouveau les filets qui se remplissent jusqu’à éclater, à tel point qu’il faut une deuxième barque pour tout ramener à bon port. On peut dire que ces poissons tirés des eaux en grand nombre préfigurent les hommes que Pierre et ses compagnons, et à leur suite l’Eglise, sont invités à libérer des forces du Mal pour les conduire à la source de toute vie, de toute liberté, de toute égalité : le Christ Sauveur. Il ne faut jamais oublier, quand vous lisez un texte biblique qui se passe sur l’eau, que l’eau est le lieu où siège le Mal. Quand Jésus affirme que la mission de Pierre sera d’être un pêcheur d’homme, il dit bien qu’il aura à les sortir de ce Mal pour les mener au Christ. Ainsi les hommes peuvent devenir véritablement frères entre eux et frères du Christ qui, par sa mort et sa résurrection, nous obtient le salut et la vie en plénitude. La fraternité que le Christ nous propose de vivre n’est donc pas fondée sur de bons sentiments, mais sur une vie offerte par amour, une vie livrée jusqu’à la mort. Le corps et le sang du Christ livrés pour tous deviennent les garants de la fraternité que nous avons à vivre avec tous, qu’ils reconnaissent le Christ ou non. Une République qui proclame la fraternité comme une vertu à vivre ne peut pas me reprocher mon sentiment religieux qui fonde ma manière de vivre et de comprendre une fraternité absolue. Je ne veux pas d’une fraternité qui ne reposerait que sur des bons sentiments, et qui ne serait garantie que par ceux qui ne voient dans la religion qu’un problème à évacuer plutôt qu’une richesse à vivre. 
 
Aux grandes idées qui changent à mesure que changent ceux qui les défendent, je préfère la stabilité d’un vrai compagnonnage, celui du Christ, qui m’appelle à le suivre et m’offre une vraie liberté, une vraie égalité, à vivre dans une vraie fraternité. A ce Dieu qui appelle encore et toujours à marcher à sa suite, je veux redire, comme Isaïe : me voici, envoie-moi ! Avec sa grâce, je trouverai la force d’annoncer la Bonne Nouvelle d’un salut pour tous. Avec sa grâce, nous pourrons construire ensemble un monde dans lequel liberté, égalité et fraternité ne seraient ni de beaux mots incantatoires, ni des mots de combat, mais des réalités vécues, pour la joie et le salut de tous. Amen.

 (Dessin extrait de la revue L'image de notre paroisse, n° 206, Février 2004, éd. Marguerite)

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