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samedi 7 janvier 2023

Epiphanie - 08 janvier 2023

 C'est quoi, ces cadeaux offerts à Jésus ?



(Adoration des mages, Crèche de Mittelschaeffolsheim, Bas-Rhin)



           Dans une France qui perd toujours plus sa culture religieuse, j’ai fait, pour préparer cette homélie, un petit exercice que font beaucoup de nos contemporains quand ils sont face à une question à laquelle il leur est malaisé de répondre : j’ai tapé dans mon moteur de recherche : quel est le sens des cadeaux offerts à Jésus ? J’imagine bien des parents attachés par tradition à Noël être désarçonnés par la question du petit dernier : « c’est quoi, ces cadeaux faits à Jésus ? », faire la même démarche. Voyons donc ce que dit internet, dieu de la connaissance et de la science absolue. Voici le résultat de mes recherches. 

            La première réponse vient d’un site fait pour des enfants de 8 à 12 ans en Suisse (Trampoline). Il reprend l’enseignement de la tradition de l’Eglise. Je le cite : A sa naissance, Jésus a reçu de drôles de cadeaux pour un bébé : de l’or, de la myrrhe (une plante dont on enrobait les cadavres) et de l’encens (un parfum). Pourtant, ses parents avaient sûrement besoin de draps et de vêtements pour lui ! Alors pourquoi les rois mages, ces savants de l’époque qui ont fait un grand voyage pour voir Jésus, ont-ils apporté ces trois cadeaux ? En fait, ces cadeaux avaient une signification spéciale : L’or indiquait que Jésus était un roi ; la myrrhe indiquait qu’il allait être mis à mort ; l’encens indiquait que Jésus était digne d’être adoré. Et c’est ce qui est arrivé. Devenu grand, Jésus a été appelé le « Roi des Juifs » (or). Il a été tué par les Romains (myrrhe), et quand il est revenu à la vie, ses amis ont compris qu’il était vraiment le Fils de Dieu (encens). Pour des parents un peu perdus, voici au moins une réponse claire, simple, facile à comprendre pour un enfant.

 

            Un site français (Tête à modeler), agréé par le journal Ouest France, excusez du peu, apporte la précision suivante, digne d’un vrai travail de journaliste : Balthazar offrit de l'or à Jésus, symbolisant la royauté de celui-ci. Melchior apporta avec lui de l'encens dont on se sert pour honorer Dieu, symbolisant ainsi la divinité du petit Jésus. Le dernier, Gaspard, quant à lui, présenta la myrrhe, un parfum servant à embaumer les morts dans l'antiquité. La symbolique de ce présent revêt donc deux significations : celle de l'humanité, car Jésus reste un homme, et celle de la prophétie, indiquant la mort prochaine de ce dernier. Il faudra quand même attendre une trentaine d’année pour que la prophétie se réalise. Mais qu’est-ce cela au regard de l’éternité ? Nous aurons appris deux choses que l’évangile ne dit pas : le nom des mages et qui a offert quoi ! Si on n’en est pas sûr, cela ne fait pas de mal. La réponse a même quelque chose de terriblement humain, personnel : les visiteurs ne sont pas simplement des savants venus de pays lointains ; ils ont un nom, une identité. Pour répondre à une question d’enfant, cela peut être sympathique. Mais la réponse va encore plus loin quand on passe les publicités qui garnissent l’article. Il dit cette chose que j’ignorais : En offrant ces trois présents, les Rois Mages mirent Jésus à l'épreuve essayant d'en diagnostiquer sa vraie nature. On dit alors que s'il choisit l'or, il deviendra roi, s'il choisit l'encens, il deviendra prêtre, et s'il choisit la myrrhe, il deviendra médecin. Les trois mages furent déconcertés à la vue du petit Jésus choisissant les trois présents. Eh oui, Jésus échappera toujours à nos étiquettes et à nos représentations ; il est au-delà de ce que nous pouvons imaginer de lui. Il ne choisit pas d’être l’un ou l’autre ; il assume toutes les conséquences de son incarnation : il est Roi, il est Dieu, il mourra un jour. Ne réduisons pas Jésus à l’enfant de la crèche ; ne réduisons pas Jésus à un aspect de sa personnalité au risque de ne pas comprendre ou de ne pas entendre la totalité de son message pour l’humanité. Nous pouvons légitimement être déconcertés par cet Enfant-Dieu venu dans le monde pour le salut de tous les hommes. Il nous faut entendre Paul dans sa lettre aux Ephésiens : ce mystère, c’est que toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus. Les cadeaux sont importants pour ce qu’ils disent de l’Enfant ; mais le fait que les mages viennent de loin, soient des étrangers, est pareillement important. Cela dit quelque chose de la catholicité de la foi en Jésus Christ, Fils de Dieu venu dans le monde, offert sur la croix par amour de toute l’humanité, ressuscité pour conduire cette même humanité au Royaume où Dieu son Père nous attend.

 

Un dernier site consulté (Aleteia) donne une réponse davantage orientée vers les adultes et l’approfondissement de leur foi. Il nous dit que les cadeaux faits à Jésus sont le symbole de toute vraie prière, qui est royale au sens où, je cite, elle célèbre les fastes de ce Dieu qui est notre roi. Elle se fait louange, gloire rendue. La prière décentre, elle nous invite à nous occuper de Dieu plutôt que de nous. Et nous savons bien que, dès que nous nous occupons de lui (lui qui ne cesse de s’occuper de nous), nous nous portons mieux. L’explication se poursuit ainsi : La prière est un encens. L’encens est un aromate qui brûle en s’élevant vers le ciel. Notre prière se fait imploration du soir et, si elle part en fumée, c’est droit vers le ciel, en sentant bon. Oui, la prière est fumée : elle est une activité gratuite, improductive, qui ne sert qu’à aimer. Elle est donc indispensable. Enfin, nous dit-on encore, la prière est comme la myrrhe. La prière n’est pas une distraction, une occupation innocente, une activité qui n’engage pas. Quiconque pénètre dans les sentiers de la prière passe par une certaine mort : mort au vieil homme, à soi-même, à ce qui ne met pas Dieu à la première place. La prière ne se contente pas de méditer sur la Passion du Christ. Elle conduit à la vivre soi-même. A nous de voir quel cadeau nous offrons à Jésus dans notre prière. Ce sera tantôt l’un, tantôt l’autre. L’essentiel est de lui offrir un cadeau.

 

Ce qui m’amène à une interprétation toute personnelle de ces cadeaux. La tradition de l’Eglise, reprise plus ou moins par les sites dont je viens de parler, rapporte les cadeaux à Jésus en insistant sur ce qu’ils nous disent de lui. Je voudrais donner un autre sens à ces cadeaux, un sens qui dise quelque chose de nous. Si je me retrouve bien dans l’explication des cadeaux comme symbole de notre prière, ces cadeaux doivent alors dire aussi quelque chose de nous qui offrons ces cadeaux. Je verrai bien l’or comme l’offrande à Dieu de ce qui va bien dans ma vie, grâce à lui, une action de grâce de toutes les richesses qu’il me permet de vivre : richesse des amitiés, richesse de mes connaissances, richesse des chances qui s’offrent à moi de progresser. Il est bon de ne pas croire que nous nous faisons tout seul, à la seule force de nos poignets ou de notre intelligence ; je crois que Dieu, par l’amour qu’il me porte, est pour quelque chose dans ce que je deviens, dans ce que je vis de bien. Lui offrir l’or de ma vie, le meilleur de ma vie, c’est lui rendre grâce de sa présence à cette vie, lui rendre un peu de ces talents qu’il a placé en moi et que j’essaie de faire fructifier. Mais parce que mes jours ne sont pas toujours que des jours heureux, parce que mes jours sont quelquefois sombres et lourds, je lui offre aussi la myrrhe de ma vie, ce qui me pousse vers la mort pour qu’il accueille mes faiblesses, mes défauts dans ma cuirasse et les transforme ; je lui dis ainsi que je compte sur sa miséricorde pour que de ces petites morts, il en tire une vie plus forte, plus belle. Enfin, je lui offre l’encens de ma vie, cette part divine qu’il a déposée en moi au jour de mon baptême pour qu’il m’aide à en faire plus que de la fumée et qu’il m’aide à dégager cette bonne odeur de sainteté que je suis invité à dégager. Et je ne peux que m’interroger alors sur le peu de fois que nous utilisons l’encens. Est-ce parce que l’encens nous gratte la gorge ? Ou est-ce que l’encens gratte autre chose dans notre vie, et nous fait tousser quand nous est rappelé que nous portons Dieu en nous, quand nous est rappelé que nous devons donner Dieu à voir et à sentir par toute notre vie ? Le refus de l’encens, au motif que c’est un truc d’autrefois, n’est-ce pas un peu le refus de grandir dans cette sainteté, cette divinité que Dieu nous offre ? Comme l’encens peut nous gratter la gorge et nous faire tousser, vivre de la sainteté de Dieu peut nous gratter et nous faire tousser dans un monde à la laïcité triomphante et mal comprise, dans un monde qui met la compétition en avant, dans un monde où certains pensent qu’il vaut mieux écraser qu’être écrasé. Vivre selon l’Evangile n’a jamais été et ne sera jamais facile. C’est pour cela qu’il nous faut sans cesse offrir à Dieu, dans notre prière, l’encens de notre vie pour qu’il nous fasse sentir bon et fasse de nous des témoins authentiques de sa gloire et de son amour pour tous les hommes.

 

Offrons à Dieu ces cadeaux insolites que sont l’or, l’encens et la myrrhe. Offrons-les comme les mages pour reconnaître qui il est. Mais offrons-les aussi comme les signes de ce que nous vivons ou voulons vivre avec lui. Une vie bonne, libérée de la mort, orientée vers la sainteté. Il recevra ces cadeaux et nous fera toujours plus à son image et à sa ressemblance. Plus nous nous offrirons à lui, plus nous découvrirons les autres chemins qu’il nous appelle à vivre pour toujours le rencontrer mieux. Amen.

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