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vendredi 19 juillet 2013

16ème dimanche ordinaire C - 21 juillet 2013

Apprendre à être à l'heure de Dieu !



Nous avons tous entendu les mêmes lectures maintenant. Alors que vaut-il mieux ? Vaut-il mieux prier, aller à la messe le dimanche ?, ou vaut-il mieux s’occuper des pauvres et agir au nom de l’Evangile … La réponse apportée dépend souvent de notre idéologie personnelle ! L’histoire récente de l’Eglise nous le montre bien. Or l’Evangile et le Christ ne sont d’aucune idéologie. La vérité ne saurait être dans l’une ou l’autre. Nous gagnerons donc à bien lire ce qui est écrit aujourd’hui et à comprendre ce que nous disent les textes entendus. 
 
Si nous comparons la première lecture et l’Evangile, nous pouvons dire, sans nous tromper, qu’il s’agit de deux textes de rencontres. Dans la Genèse, Abraham rencontre trois hommes ; il se met à leur service, leur offrant repos et repas. Il en est récompensé par l’annonce de la naissance d’un fils. Dans l’Evangile, Jésus rencontre Marthe et Marie : Marthe s’affaire derrière les fourneaux pour servir le Seigneur, pendant que Marie reste assise là, près de Jésus, à ne rien faire. Et c’est d’elle dont Jésus lui-même dit qu’elle a choisi la bonne part (pour respecter le texte grec). Marthe ne fait que ce qu’a fait jadis son ancêtre Abraham : lui était récompensé, elle s’en trouve quelque peu malmenée. Pourquoi une telle différence ? 
 
En lisant attentivement le passage de la Genèse, nous comprenons fort bien que c’est Abraham qui a l’initiative de la rencontre. Abraham leva les yeux, et il vit trois hommes qui se tenaient debout près de lui. Aussitôt il courut à leur rencontre, se prosterna jusqu’à terre et dit : "Seigneur, si j’ai pu trouver grâce à tes yeux, ne passe pas sans t’arrêter près de ton serviteur". Il reçoit à son invitation ; il se met au service de ceux qu’il accueille. Normal. Les règles de l’hospitalité sont ainsi faites ; il ne laisse pas son  hôte s’ennuyer, il s’occupe de son confort, il veille à ce qu’il ne manque de rien. Il a voulu que ces hommes s’arrêtent chez lui, il doit maintenant s’en occuper. 
 
Dans l’Evangile, la perspective n’est pas la même. Jésus entre dans un village ; il y a là des amies à lui ; il leur rend visite et Marthe le reçoit dans sa maison. Il nous faut nous souvenir ici que c’est Luc qui nous raconte cette histoire. Et chez Luc, c’est toujours Jésus qui a l’initiative des rencontres. Souvenez-vous de Zachée : Aujourd’hui, il faut que j’aille demeurer chez toi !  C’est lui qui s’invite, et aujourd’hui, c’est le jour où il doit demeurer chez Marthe et Marie. Le personnage important, c’est lui. L’acte important, c’est lui qui le pose : il s’invite. Le servir, c’est donc d’abord comprendre pourquoi il s’invite ainsi, et entendre de sa propre bouche le motif de sa visite. Il sera toujours temps, après, de passer à table ; il sera bien temps assez tôt de partager avec lui le repas. Marthe a brûlé les étapes : elle n’a pas pris le temps de bien faire attention à son hôte, contrairement à Marie qui n’a cessé de l’écouter. 
 
Comprenez-vous bien ce qui différencie ces deux histoires de rencontres ? Alors vous comprendrez la réponse à apporter à ma question du début : que vaut-il mieux ? Avec un autre auteur de l’Ancien Testament, nous pourrions dire qu’il y  a un temps pour tout. Pour Abraham était venu le temps d’accueillir comme il se doit ses visiteurs, en leur offrant repas et repos. Pour Marthe et Marie était venu le temps de se mettre à l’écoute de celui qui s’invitait chez elles. De même, la vie chrétienne parfaite n’est pas celle qui sans cesse se perd en activité, même charitable, de manière continuelle, ni même celle qui se perd en prière éternelle oubliant le pauvre devant la porte. Le service authentique de Dieu suppose de savoir à quel moment faire quoi. Jésus, en mettant en avant l’attitude de Marie, rappelle simplement que le service de Dieu commence par son écoute. Seul celui qui écoute bien Dieu peut apprendre de lui comment le servir encore mieux dans ses frères. L’action est nécessaire au chrétien puisqu’il doit témoigner de sa foi auprès des autres. Mais la prière et la pratique authentique passe d’abord par l’écoute, la prière, la méditation de la parole de Dieu pour y découvrir ce que Dieu attend de moi. La charité ne supprime pas la prière, et la prière ne dispense pas de la charité. Chacune a besoin de l’autre : nos activités pastorales ou caritatives ont besoin d’être soutenus par une vie liturgique et spirituelle pour ne pas devenir activisme vain et stérile. Et notre vie liturgique et spirituelle a besoin d’engagement pour que nous ne nous perdions pas dans les nuages d’un mysticisme vain et stérile.  
 
Ce lien profond que Jésus établit entre les deux se vérifie par la place de cette histoire dans l’Evangile de Luc : elle vient après le bon samaritain, parabole par laquelle Jésus nous invitait à nous faire le prochain de tout humain qui souffre, nous enseignant la charité ; mais elle vient juste avant un enseignement cohérent de Jésus sur la prière. Placée à la charnière de ces deux enseignements, cette rencontre avec Marthe et Marie nous invite à unifier en profondeur notre existence, à régler l’horloge de notre vie sur Dieu pour que nous sachions toujours quelle heure il est. Marthe et Marie doivent cohabiter dans notre vie parce qu’elles se complètent mutuellement. L’important est de se soumettre aux exigences de l’heure. 
 
En ce moment de notre dimanche, nous pouvons être assurés d’être à la bonne heure au bon lieu, parce que nous sommes au temps où il faut écouter Dieu lui-même nous parler avant de lui rendre grâce et de partager avec lui le repas auquel il nous a invités. Ce temps est renouvelé par Dieu lui-même chaque dimanche pour nous permettre de revenir à la source et d’être fortifiés dans notre foi, notre espérance et notre charité. Restons fidèles à cette heure de Dieu et toute notre vie sera bien réglée à l’horloge de Dieu. Amen.
 

(Dessin de Jean- François KIEFFER, in Mille images d'Evangile, éd. Les Presses d'Ile de France)

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