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vendredi 26 juillet 2013

17ème dimanche ordinaire C - 28 juillet 2013

L'enseignement de Jésus sur la prière.



Les disciples auraient-ils eu vent des paroles de Jésus à Marthe  et à Marie la semaine passée ? Ou sont-ils seulement impressionnés par Jésus qu’ils voient en prière si souvent ? Ou sont-ils plus modestement jaloux des disciples de Jean le Baptiste qui ont eu droit apparemment à un tel enseignement de la part de leur maître ? Nous ne le saurons jamais ; par contre nous savons qu’un jour, ils lui ont demandé de leur apprendre à prier. Cette question de la prière n’est donc pas une question anodine. Les Apôtres ont dû ressentir quelque chose de particulier en voyant Jésus prier, et ils veulent partager cette expérience. Ce qui nous vaut aujourd’hui un enseignement sur la prière. Nous pouvons donc reprendre à notre compte la demande des Apôtres, si nous voulons, à notre tour, ressembler davantage à Jésus. Osons donc la demande : Apprends-nous à prier ! Et préparons-nous à être surpris ! 
 
Remarquons d’emblée que la demande des disciples est judicieuse. Car par quelle prière commencer si ce n’est celle-là qui nous met en situation d’apprentis ! N’est-ce pas un bon début pour une vie spirituelle que de s’adresser au Maître lui-même pour qu’il nous transmette sa propre expérience, quelques bribes de sa relation particulière à Dieu ? Jésus est le Priant par excellence puisqu’il vit dans l’intimité de son Père, celui-là qu’il nous faut prier justement. C’est donc bien de Jésus que nous pouvons le mieux apprendre. Il nous suffit donc, pour commencer, de frapper à sa porte, et il nous ouvrira à son enseignement. 
 
Son enseignement nous invite bien sûr à la persévérance ; il nous dit d’insister, de demander, de supplier pour nos besoins. Le demandez, on vous donnera ; cherchez, vous trouverez ; frappez, on vous ouvrira, n’est pas qu’une belle formule, un slogan de plus dans l’attirail du missionnaire. Quiconque a commencé un jour une vie spirituelle sait combien il est important de rester ainsi disciple en toute chose. Il doit sans cesse demander, chercher, frapper à la porte de son Maître pour mieux accueillir et approfondir son enseignement. Sans persévérance, il n’y a pas de vie spirituelle possible. Tous les grands maîtres de la prière nous l’enseignent : la vie de prière est un long chemin, jamais abouti, toujours chaotique parce qu’il met en mouvement les forces qui s’opposent à Dieu et qui ont l’esprit chagrin chaque fois qu’un nouveau disciple prend avec sérieux la suite du Christ.  
 
Mais l’enseignement de Jésus ne se contente pas de quelques formules ou belles phrases sur la prière. L’enseignement de Jésus, c’est surtout la prière qui est toujours écoutée par Dieu, toujours exaucée. En réponse à la demande de ses disciples, il leur donne le Notre Père, une prière toute faite, à reprendre sans se lasser pour ouvrir le cœur de Dieu et accéder à ses grâces. Cela peut nous surprendre, nous qui n’aimons rien autant que la liberté et la créativité. Sans doute aurions-nous préféré une formule magique pour composer nous-mêmes nos propres prières, réinventer chaque jour notre liturgie et notre manière de nous adresser à Dieu. Jésus nous invite à la répétition, à l’appropriation d’une prière qui n’est pas de nous ; bref, il nous invite à rester disciples, à rester humbles, même dans notre manière de parler à Dieu. Ce n’est donc pas la peine de lancer un concours de la meilleure prière : il n’y aura rien de mieux que celle-là ! Nous devons donc accueillir le Notre Père comme modèle de prière, comme seule vraie prière. Celui qui veut prier à la manière de Jésus doit comprendre comment « fonctionne » cette prière pour calquer ensuite la sienne sur celle du Christ. Et celui qui ne sait pas prier pourra toujours simplement redire ces mots que le Christ a enseignés, sûr que ces mots-là sont entendus du Père lorsqu’ils sont prononcés par le cœur. Reprenons donc cette prière par le détail. 
 
Notre Père, que ton Nom soit sanctifié, que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur terre comme au ciel. Dans ces premiers mots se trouve ma plus grande surprise. Moi qui croyais qu’il fallait parler à Dieu de moi, de mes soucis pour les lui confier, pour lui demander de l’aide, voilà que je suis décentré. Lorsque tu parles à Dieu, parle-lui de lui. Laisse tes soucis et rencontre véritablement celui qui t’accueille. La première moitié du Notre Père me tourne totalement vers Dieu et vers mes frères. ‘Notre’ Père et non pas ‘Mon’ Père : je ne possède pas en exclusivité celui à qui je m’adresse, mais je m’adresse à lui avec la certitude que d’autres le font aussi : ma prière rejoint un grand fleuve de prières adressées au même Dieu.
 
‘Que ton nom’, ‘que ton règne’, ‘que ta volonté’ et non pas mon nom, mon règne, ma volonté ! Quand  je prie Dieu, je lui parle d’abord de lui : j’entre dans son projet d’amour pour moi. Cela signifie aussi que je vais prendre du temps pour écouter Dieu. C’est une des surprises au sujet de la prière : je ne prie pas Dieu avec ma bouche seulement, je prie aussi avec mes oreilles. Si je veux entrer dans le projet de Dieu, il me faut le connaître. Et comment le connaître si je ne laisse pas à Dieu le temps de me l’expliquer ? N’est-ce pas ce que Marie nous enseignait dimanche dernier, lorsqu’elle restait là, aux pieds de Jésus à l’écouter ? Elle avait choisi la bonne part ; nous comprenons mieux encore pourquoi elle ne lui sera pas enlevée
 
Donne-nous le pain dont nous avons besoin chaque jour. Pardonne-nous nos péchés… et ne nous soumets pas à la tentation. Ainsi Jésus poursuit sa prière-type par les demandes à faire. Parce qu’on ne demande pas n’importe quoi à Dieu ! Demande ton pain, demande le pardon et la capacité à pardonner, demande que le Mauvais s’éloigne de toi ! 
 
Demande ton pain, ce n’est pas seulement le pain que tu manges. Une lecture de l’Evangile de saint Jean nous apprend que Jésus est le Pain vivant. Donne-nous notre pain peut donc aussi dire ‘donne-nous le Christ, donne-nous son Esprit’. La fin de la page d’Evangile de ce jour renforce cette compréhension : Combien plus votre Père du ciel donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent ? Voilà que même dans ce que nous demandons, nous sommes détournés de notre petite personne et de ses besoins humains pour apprendre à demander l’essentiel : que l’Esprit du Christ habite en nous ! Que cet enseignement du Christ est loin de la prière de nécessité que si souvent j’adresse à Dieu ! Je me rends compte qu’il me faut vraiment apprendre à prier, vraiment me mettre à l’école du Christ. 
 
Demande le pardon, parce que c’est ce que Dieu veut t’offrir en envoyant son Fils dans le monde. Reconnais que tu as besoin de sa miséricorde, que tu as besoin de lui pour grandir comme son fils authentique. Demande aussi le pardon pour apprendre de lui comment pardonner à ton tour, afin de ne pas profiter égoïstement d’un don qui t’est fait pour que tu le transmettes !
 
Demande que le Mauvais s’éloigne de toi, parce que plus tu prieras Dieu, plus tu réveilleras le Mauvais. Tu auras alors un choix à faire : soit poursuivre ton œuvre de prière pour que le Mauvais soit bien rejeté hors de ta vie, soit arrêter là, parce que tu voulais bien prier Dieu mais pas déranger le Mauvais ; et tu n’en seras jamais débarrassé, du Mauvais ! Il s’installera sournoisement dans ta vie, bien tapi dans l’ombre, et chaque fois que tu voudras reprendre la prière, il t’en dissuadera en aboyant un peu fort. La prière n’est décidément pas un acte de petit chrétien tranquille. 
 
Nous pouvons dès lors mesurer le chemin parcouru : d’une simple demande – apprends-nous à prier – nous avons fait tout un chemin à la suite de Jésus. Cette demande est devenue une vraie prière par l’enseignement reçu du Christ lui-même. Le Apprends-nous à prier des disciples peut se conjuguer ainsi : apprends-moi à me tourner vers le Père en vérité ; apprends-moi à entendre ce que tu attends de moi ; apprends-moi à vivre selon ton Esprit, Esprit que tu as mis en moi au jour de mon baptême. Mets sur mes lèvres la prière qui pourra être entendue et exaucée par ton Père. Mets dans mon cœur la prière qui me mettra véritablement en ta présence. Apprends-moi à prier ; apprends-moi à être avec toi, toujours. N’est-ce pas là le but de toute prière ? Qu’il en soit donc ainsi pour chacun. Amen.
 

(Jean-François KIEFFER, Mille images d'Eglise, éd. Les Presses d'Ile de France)

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