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samedi 10 août 2013

19ème dimanche ordinaire C - 11 août 2013

Restez en tenue de service !



Pendant longtemps, et cela reste quelquefois vrai aujourd’hui encore, nous avions les vêtements pour la semaine et le vêtement du dimanche. Et l’on ne confondait pas les deux. D’ailleurs, quand quelqu’un se faisait particulièrement beau, on disait qu’il s’était endimanché. C’était une manière de marquer la particularité de ce jour, sa prééminence sur les autres jours. C’était une manière de rappeler aussi que ce jour-là, on ne travaillait pas. Il y avait assez des autres jours pour porter la tenue de service ; le dimanche, c’était un autre jour, un autre rythme, et le vêtement le démontrait. Or voilà que nous venons d’entendre le Christ lui-même dire à ses disciples : restez en tenue de service et gardez vos lampes allumées. Nous aurait-on menti ? Avons-nous eu tort de nous endimancher, de laisser là notre tenue de travail ? Sommes-nous bien habillés ce matin ? Je vous propose une réflexion en  deux temps pour essayer d’y voir plus clair. 
 
Premier temps : pourquoi nos ancêtres se sont-ils endimanchés ? Parce que pour eux, ce jour était un jour particulier. C’est encore vrai pour les chrétiens aujourd’hui, même si tous ceux qui portent ce nom n’en ont plus vraiment conscience. Mais ce jour-là, c’est le jour du Seigneur, le jour où nous faisons mémoire de la mort et de la résurrection du Christ. Chaque dimanche, nous revivons le mystère de Pâques ; chaque dimanche, c’est comme à Pâques. Nous faisons mémoire de toutes les merveilles que Dieu fait pour nous et nous lui rendons grâce pour le don de son Fils sur la croix, don qui nous vaut notre vie et notre salut. C’est un acte tellement fort qu’il vaut bien que l’homme s’arrête, rompe avec le rythme quotidien, pour s’en souvenir et le célébrer. La tenue du dimanche, c’était aussi une manière de dire que l’homme sortait de son ordinaire, de son quotidien pour vivre un autre rythme, le rythme de Dieu. Puisque Dieu avait fait quelque chose d’incroyable pour l’homme, l’homme ferait quelque chose de pas ordinaire pour Dieu. Ce jour-là serait différent ; ce jour-là, l’homme lui-même sera différent, l’homme lui-même vivra différemment. Il vivra ce jour pour et avec Dieu. Jusque-là, ce n’est pas trop compliqué à comprendre. 
 
C’est le deuxième temps de ma réflexion qui vient compliquer les choses ! Car enfin, Jésus dit bien dans l’Evangile : restez en tenue de service ! Aurait-il quelque chose contre le vêtement du dimanche ? Il faut alors nous interroger sur la nature de ce vêtement de service. Qu’est-il donc ? Est-il vraiment le vêtement de travail que nous ne devons jamais quitter ? Mais pourquoi alors nous battre pour les 35 heures ou pour le maintien du repos dominical ? Il nous faudrait donc travailler toujours ? Quel est donc ce vêtement de service ? Et mieux encore, quel est ce service que nous ne devons jamais cesser d’exercer ? 
 
La parabole de l’intendant fidèle et sensé nous apporte, me semble-t-il, un éclairage sur cette question. Ce ne sont pas les serviteurs, que l’intendant doit gérer, qui doivent garder la tenue de service, mais bien l’intendant. La parabole ne nous parle des domestiques que pour mieux souligner le rôle de l’intendant placé à leur tête. Et quel est son rôle ? Selon la parabole, il ne doit pas veiller à ce que les domestiques fassent bien leur travail ; il doit s’assurer que les domestiques aient leur part de blé, au temps voulu. La tenue de service n’est pas tant un vêtement de travail qu’un état d’esprit. Le service permanent dans lequel nous devons rester, c’est d’abord le service de la charité, le service d’autrui. Si l’intendant  maltraite la domesticité au retour inopiné du maître, il sera condamné. Son rôle est bien de veiller au bien-être des autres serviteurs du maître. Chrétiens, n’avons-nous pas à veiller les uns sur les autres ? N’avons-nous pas, au cœur de nos valeurs, au cœur de notre foi, le souci de la charité envers tous ? Il n’y a pas de jours pour être charitable ; il n’y a pas de jours pour s’abstenir de la charité. Voilà un service que nous ne pouvons abandonner. La tenue du service de la charité doit être pour nous comme une seconde peau. 
 
Le vêtement de service peut encore avoir un second sens, complémentaire du premier : c’est aussi, me semble-t-il, le vêtement du service de la prière, et plus particulièrement du service de la louange. C’est le verset suivant qui m’y fait penser : Heureux les serviteurs que le maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller. Vraiment, je vous le dis : il (le maître) prendra la tenue de service, les fera passer à table et les servira chacun à son tour. Deux paraboles que Matthieu nous rapporte de l’enseignement de Jésus sur son retour, à la fin des temps, me reviennent ici en mémoire : la parabole des talents et la parabole du jugement dernier. Dans la parabole des talents, le maître, à son retour, chante la louange des serviteurs qui ont fait fructifier leurs talents : serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle en peu de chose, je t’en confierai beaucoup : entre dans la joie de ton maître. Dans la parabole du jugement dernier, cela est plus évident encore lorsque le Roi dira à ceux qui seront à sa droite : Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le royaume préparé pour vous depuis la création du monde. Oui, le Christ lui-même, établi roi du monde, chante la louange de ses serviteurs. Et il le fait, dans la parabole du jugement dernier, parce que ces serviteurs n’ont jamais quitté le service de la charité : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait ! Nous retrouvons quelque chose de la rencontre de Jésus avec Marthe et Marie. Le vêtement du service de la charité et le vêtement du service de la prière ne sont qu’un seul et même vêtement : il nous faut connaître la volonté de Dieu en chaque instant pour l’accomplir toujours, au bon moment. 
 
Pour revenir au vêtement du dimanche de nos ancêtres, j’en conclus que nous n’avons pas tort de nous endimancher pour marquer le jour du Seigneur. Nous aurions juste tort de nous « désendimancher » pour ce qui concerne la prière et  la charité. Car chaque jour que Dieu fait pour nous, nous avons à porter le vêtement du service de la charité et de la prière ; chaque jour, nous avons à porter le souci du frère et le souci de Dieu. Si le dimanche est davantage réservé à Dieu, il n’est pas dit que ce jour-là nous sommes autorisés à nous désintéresser des frères ; et il n’est pas interdit, les jours de semaine, de s’occuper aussi et de Dieu, et des frères. Que ceux qui vivent un temps de vacances soient bien convaincus que la prière et la charité n’en prennent jamais, de vacances. Et que ceux qui sont au temps béni de la retraite, soient pareillement convaincus que charité et prière ne seront jamais retraité. 
 
Restez en tenue de service et gardez vos lampes allumées. Soyez comme des gens qui attendent leur maître à son retour des noces pour lui ouvrir dès qu’il arrivera et frappera à la porte. Heureux les serviteurs que le maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller. Vraiment, je vous le dis : il prendra la tenue de service, les fera passer à table et les servira chacun à son tour. Je prie Dieu qu’il en soit ainsi pour chacun de nous. Amen.

(Dessin de Jean-François KIEFFER, in Mille images d'Evangile, éd. Presses d'Ile de France)

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